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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 13:26

Voici enfin le bilan de fin d'année!


Sur 127 films vus en salles, retrouvez mon choix des trente meilleurs par ordre croissant ; trente incontournables!



1) The Master (Paul Thomas Anderson) 

 


Voilà qui résonne comme la pièce maîtresse de cette année cinématographique particulièrement forte. Film fascinant sur la contagion spirituelle, The Master ouvre vers de nouveaux horizons le style classique américain qu'il déjoue avec un sens du montage halluciné, une écriture surprenante (à mille lieues de la représentation attendue d'un sujet aussi massif), une force picturale inouïe, une direction d'acteurs inoubliable. Tout concourre à faire de ce nouveau chef-d'oeuvre de P.T. Anderson un grand classique... pourtant fortement moderniste!


The Master 5

 

 

2) La Vénus à la fourrure (Roman Polanski)

 

Pièce maîtresse de la filmographie de Polanski, l'un des derniers grands maîtres vivant, cette adaptation théâtrale cumule toute la richesse du cinéma et du théâtre, de la littérature et du jeu de masques dans une mise en scène d'une précision et d'une intelligence qui laissent perplexe. Doublé d'une oeuvre théorique sur la machinerie cinéma (voilà l'exemple d'un beau méta-film camouflé), ce manifeste féministe drôle et grincant dévoile l'amour d'un cinéaste porté à sa femme, à toutes les femmes... Quelle Vénus!


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3) Passion (Brian De Palma)

 

Brillant exercice de style retrouvé (après quelques récits en roues libres), De Palma régénère le baroque de ses films grande période (les 80's), mixée à une étrange réflexion godardienne sur le semblant des images et leur statut pollué à l'ère ultra-moderne. Un film excitant de fantômes, de psychoses post-hitchcockiennes et d'images-mystères. Incontournable et résolument moderne.


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4) Django Unchained (Quentin Tarantino)

 

Styliste invétéré, faiseur de culte, Tarantino réinvente son cinéma pour l'ouvrir vers un horizon politico-historique plus large, plus émotionnel ; mais c'est toujours par l'énergie d'un cinéma rageux et rigolard que procède ce récit merveilleux, véritable traité d'esthétique et de poésie vintage fondé sur une des plus belles mise en scène de l'année - et l'une des plus belles de son auteur. Plaisir immédiat.


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5) 5 Caméras brisées (Emad Burnat et Guy Davidi)

 

Coup de coeur pour ce film de combat bouleversant. C'est un cinéma révolté, nécessaire, poème d'amour à tout ce qui fait film - la caméra comme bouclier littéral à la violence du monde, le mouvement comme énergie combattive, le temps comme mémoire immédiate.


5 caméras

 

 

6) Spring Breakers (Harmony Korine)

 

Furie pop, carnage fluo pour l'armée d'amazones bécasses 2.0 filmée par Harmony Korine, qui chamboule la dialectique d'un cinéma tranquillement moulé dans ses normes et ses conventions. Véritable molotov esthétique et narratif, Spring Breakers fait office de commentaire majestueux sur la décadence d'une nation et, finalement, plus malin qu'un petit jeu cynique de destruction, on s'amourache de ces crétins finis pour voguer vers une histoire d'amour scintillante, inattendue... profondément anti-conformiste. Un gros Fuck néo-warholien.


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7) L'Inconnu du lac (Alain Guiraudie)


Le jardin des délices sous le soleil pesant du sud, au bord d'un lac. Une zone de rencontres entre homosexuels, un sympathique et timide bonhomme qui discute, une attirance perverse pour un étrange criminel, des fellations dans les herbes hautes, des baignades érotiques, un silure qui rôde... Peu à peu, la nuit tombe chez Guiraudie, immense image de mort qui s'installe, doucement, tendrement, dans la mécanique hédoniste de ce film du plaisir, de l'érotisme masculin. C'est qu'il y a ici, dans toute sa force littérale, l'étreinte frissonnante de l'amour et de la mort...


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8) Tel père, Tel fils (Hirokazu Kore-Eda)

 

Tendresse et pudeur sont au coeur de ce mélodrame sidérant de simplicité, d'élégance et de finesse. Regard sur deux familles déchirées par l'impensable (l'échange d'enfants à la naissance), fable sociale et portrait de familles japonaises modernes, cette perle d'émotion et de justesse frappe juste à chaque coup, sans jamais chercher ni le pesant lacrymal ni la farce redondante. Dans un miraculeux équilibre de récit, d'acteurs et de scénographie (dont Ozu serait le fier géniteur), Tel père, Tel fils touche à quelquechose que l'on pourrait nommer d'intime universel.


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9) La bataille de Solférino (Justine Triet)

 

Superbe promesse d'un jeune cinéma français qui se métamorphose enfin, cette bataille fait partie des grands moments cinématographiques de l'année pour son sens jouissif des personnages, son écriture mi-impro mi-évènementiel, son art des dialogues et l'orgie d'acteurs qui s'adonnent à ce jeu fermé-ouvert, petit-grand, huis-clos-Paris, le beau portrait d'une certaine génération dont l'énergie ne demande qu'à éclater.


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10) Effets Secondaires (Steven Soderbergh)

 

Beau film de maître pour ce nouveau et avant-dernier (?) film de Soderbergh, dans une retraite anticipée. Hitchockien en diable, ce récit manipulateur et élégant déjoue par un habile jeu de chausse-trappes l'écriture linéaire qui a pu peser sur certaines oeuvres classiques du cinéaste. Ici, c'est avant tout un plaisir de cinéma, d'une grande intelligence stylistique et narrative, qui tient le film jusqu'à ses divers points de chutes et lectures de mise en scène. Une oeuvre formidable, malheureusement sous-estimée.


Effets Secondaires

 

 

11) Lincoln  (Steven Spielberg) 

 

  Grande oeuvre intime de Spielberg, cet étonnant parcours de bureaux et de couloirs constitue l'un des sommets de mise en scène du cinéaste américain. Loin de la reconstitution mélodramatique et du récit hagiographique, Spielberg évite exactement l'écueil pédago-nationaliste qui menaçait l'édifice entier du film en inscrivant son style dans une tradition filmique ultra-dialoguée, et de longues scènes de procès. Ce qui étonne c'est à quel point la machinerie émotionnelle tant redoutée est absente et à quel point le film fait l'apologie du discours politique, philosophique, humaniste : à quel point finalement l'écriture du dialogue tient d'une importance capitale. Ainsi Lincoln ressemble-t-il plus à une immense tirade légendaire, brillamment théâtrale, qu'à un film exhibant les produits de son artifice.

 

Lincoln 2

 

12) Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow)

 

Epopée haletante sur la traque de Ben Laden, cette fresque guerrière constitue l'un des points les plus fascinants du cinéma américain en 2013, aux côtés de Lincoln, dans la façon dont chacun d'eux réécrit l'Histoire américaine en l'inscrivant dans un style classique purement illusoire. La matière des images est fascinante chez Bigelow, qui travaille bien plus loin que dans ses précédents films (moyennement fascinants) la façon dont celles-ci prennent sens sur la durée et l'action, dans le cadre à priori très superficiel et programmé du cinéma d'action sur-découpé. Non seulement Zero Dark Thirty tient de l'exemple du genre en terme de découpage, de rythmique et donc d'efficacité, mais il amène surtout à une bien plus ample réflexion sur le Mal aux mille visages dont l'Amérique est devenue la victime, perdue dans ses propres reflets et sa paranoïa.

 

Zero dark thirty 2

 

13) Gimme The Loot (Adam Leon)

 

Petit film passé inaperçu en début d'année, ce premier long-métrage n'a certes pas la carrure du grand classique inoubliable, mais son charme et sa simplicité, son regard porté sur New York, entre cartographie urbaine tout à fait accomplie et petit théâtre bucolique où on arpente et on court les rues, a de quoi marquer durablement cette année pleine de grands films mastodontes. Au final, la sincérité du projet, la beauté de son énergie street en font une balade revigorante, simple et, comme dans toute belle simplicité, un peu plus encore...

 

Gimme The Loot

 

 

14) La Vie d'Adèle, Chapitres I & II (Abdellatif Kechiche)

 

Grand film d'amour éreintant, épuisant, comme la sonde collée au visage et au corps d'une actrice inoubliable, La Vie d'Adèle se donne au spectateur comme une gifle d'amour. D'une folle précision et d'une justesse renversante, la méthode Kechiche fait de nouveau merveille dans cette danse érotique terrassante. Magnifique.


La vie d'Adèle 3

 

 

15) Le temps de l'aventure (Jérôme Bonnell)

 

Parenthèse pleine de grâce et de non-dits, dans un style qui serait l'antithèse parfaite de La Vie d'Adèle, ce très beau film inespéré fait communier l'âme des sentiments et des corps avec celui d'un quotidien tristement banal et soudainement sublimé, éternisé. Film-lumière sur l'amour volatile, le petit rien caché dans nos grandes existences, dans nos vagues expériences, Le temps de l'aventure est une oeuvre aussi belle qu'elle est éphémère, desespérée.


Le temps de l'aventure

 

 

16) Grand Central (Rebecca Zlotowski)

 

Encore une histoire d'amour française qui fait interragir micro et macro. Chronique sociale d'un amour caché, le nouveau film de la jeune et talentueuse Rebecca Zlotowski fait rimer coeur amoureux avec centrale nucléaire. Corps poisons, adultère se propageant comme la fuite d'un silo menaçant de répandre ses traces funestes, sensations d'éclaboussures de sentiments radioactifs... Tout ici tient habilement entre la radiographie du milieu des travailleurs et la passion interdite, nichée au sein d'une métaphore grandiose et subtilement travaillée. Un film qui vise et atteint une grandeur sentimentale et émotionnelle rare dans le paysage français moderne.


Grand Central

 

 

17) Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh)

 

Biopic astucieux et grandiloquent du non moins excessif Liberace, ce dernier (?) film de Soderbergh - déjà en 10ème position de ce top! - trouve une réponse littérale à toutes les questions que pose son personnage à travers un passionnant jeu de trouble identitaire. L'excès stylistique de l'auteur, qui à travers parvient pour autant à mesurer la part intimiste du personnage (les décors servant de façon tout à fait pertinente la psychie de Liberace), donne lieu à de fabuleuses séquences de spectacles et à une superbe interprétation de Michael Douglas et Matt Damon. Frasques drôlatiques d'un personnage à double facette et douloureux récit de la perte et du vieillissement, l'alchimie entre comédie et drame trouve ici un réel point d'ancrage pour ce beau film d'adieux.

 

Liberace

 

 

18) Mud (Jeff Nichols)

 

Récit d'enfance en forme de conte à la Mark Twain, sublimé par des décors naturels utilisés avec une intelligence rare et une interprétation au diapason, le nouveau film de Jeff Nichols brille d'une atmosphère et d'une magie rare au sein d'un cinéma revendiquant tout le classicisme de ses enjeux mélodramatiques. Beau film d'amitié et d'apprentissage, Mud est assurément le film le plus mûr de Nichols. Son plus beau aussi.


Mud

 

 

19) La dernière fois que j'ai vu Macao (Joao Pedro Rodrigues)

 

Récit étrange et aride, troué de fulgurances modernes et d'abstractions en tous genres. Feux d'artifices éclatants, codes du film noir surlignés jusqu'au kitsch, belles associations d'idées, le film de Rodrigues oscille entre nocturne merveilleux et hommage à Lynch, dans une espèce d'hybridation formelle assez inquiétante entre les limites de la fiction et du documentaire. Une vraie expérience, envoûtante, dansante...


La dernière fois que j'ai vu Macao

 

 

20) Aujourd'hui (Alain Gomis)

 

Oeuvre solaire sur la mort à partir d'un pitch mystique et légendaire, ce film de croyances ouvre une belle perspective pour le cinéma sénégalais - son réalisateur est aussi français. A travers les pérégrinations métaphysiques d'un jeune homme attendant la mort, dans le décor sorcier d'un Dakar trop rare au cinéma, Aujourd'hui déploie une superbe palette de couleurs et de formes dans un language narratif très épuré, sensoriel, voyage qui montre le passage serein de la lumière à l'obscurité.


Aujourd'hui

 

 

21) The Place Beyond the Pines (Derek Cianfrance)

 

Magnifique et large mélodrame brossant un triple portrait inattendu, quelquepart entre l'ampleur dramaturgique du cinéma de Cimino et le film multi-genres, cette fresque de l'Amérique moderne redéfinit avec brio les codes narratifs du grand morceau de cinéma classique. Un coup de poing émouvant et inattendu.


the-place-beyond-the-pines

 

------ Eaxequo ------

 

21) Cloud Atlas (Andy Wachowsky, Lana Wachowsky, Tom Tykwer)

 

Eaxequo avec The place beyond the pines, le nouveau film des réalisateurs du cultissime Matrix (épaulé par Tom Tykwer, réalisateur du Parfum) ressemble à un laboratoire de montage et de narration dont la première demi-heure serait le vilain petit canard. Malgré tout, cette superposition d'histoires multi-générationnelles échappant à toute logique temporelle parvient peu à peu à ouvrir le champ à une dimension existentielle insoupçonnée. Cocktail décoiffant d'aventures, de comédie, de science-fiction, de mélodrame et de film d'action étalé sur cinq siècles et près de trois heures, Cloud Atlas est l'ovni de l'année, porté par le charme d'une philosophie naïve et bienfaisante. Sacré moment!


Cloud Atlas 2

 

 

22) A Touch of Sin (Jia Zhang-Ke)

 

Violente radiographie de la Chine contemporaine, le nouveau film de Jia Zhang-Ke poursuit les réflexions esthétiques du cinéaste sur la mutation du monde moderne et la diffraction du récit et des images. Fascinante traversée en quatre portraits déconnectés (mais dont les réminiscences et les liens motiviques apportent toute la pertinente précision), A touch of sin est l'oeuvre incontournable de cette fin d'année, bien que d'un nihilisme radical.


A-Touch-of-Sin3

 

 

23) Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese)

 

Oeuvre enragée et rock'n'roll d'un cinéaste définitivement contestataire (à 71 ans!), ce Loup déjoue joyeusement les attentes d'un cinéma cynique et moralisateur. En rejouant à la sauce traders tous les motifs du cinéma de gangster qu'il a tant mis en scène, Scorsese amène à sa nouvelle époque un film qui lui correspond : une oeuvre indéchiffrable, saturée, noyée de substances et de vices, parlée dans une langue violentée, misérable. En érigeant le bruit et le débordement comme forme cinématographique, Scorsese analyse et détruit à boulets rouges le capitalisme forcené qui domine les plus puissantes sociétés modernes.


Le-Loup-de-Wall-Street-Martin-Scorsese-Jean-dujardin

 

 

24) The Act of Killing  (Joshua Oppenheimer)

 

Film-choc de l'année, dont l'ambiguité extrême ne rajoute qu'à son pouvoir de fascination. En retrouvant les bourreaux du massacre indonésien d'opposants politiques en 1965, Joshua Oppenheimer se retrouve à les filmer en train de rejouer avec plaisir et fierté leurs crimes abominables, crimes contre l'humanité. En utilisant tout le pouvoir de falsification du cinéma (au sein d'une oeuvre documentaire), Oppenheimer ouvre grand le champ de réflexion sur le pouvoir propagandiste des images et leur double sens : documentaire de la mise en scène et de la fiction, jouant sur la comédie musicale autant que le film de guerre et le film de gangsters, The Act of Killing pose de nouvelles bases face au regard sur les monstres humains graciés par un état corrompu. Il faut voir, au moins, jusqu'où va Oppenheimer en filmant la reconstitution d'un village pillé et brûlé par ces criminels : l'image de la mort pris dans l'étau inextricable du document et de la fiction. Un film qui, par une prouesse réflexive amenant toutefois à la dénonciation, vend son statut pour pactiser avec l'ennemi.


The act of killing

 

 

25) V/H/S (Collectif - Inédit)

 

Petite anthologie collective de jeunes maîtres de l'horreur, cette suite de sketches en found footage honore les grands noms du cinéma d'épouvante en rejouant la tradition dans sa forme la plus moderne : la vidéo. La beauté sale des images, conférant toute sa dimension à l'effroi, donne lieue à des sketches tous inspirés, parmi lesquels émergent le premier - dont le regard caméra devient le sens même de la peur cinématographique.


vhs-still

 

 

26) Les Amants Passagers (Pedro Almodovar)   

 

Un Almodovar old school qui, après deux de ses meilleurs films (Etreintes brisées et le très sombre La piel que habito) revient à la comédie style movida. Délire orgiaque sous mescaline, cet avion enchanté est la porte ouverte à une comédie du plaisir et de l'excès qui ramène à la fois Almodovar à son statut de grand metteur en scène de comédie, mais aussi à celui, plus mystérieux, de metteur en scène du monde moderne. De là émergent des idées qu'un Godard ne renierait certainement pas... A commencer par la séquence d'ouverture.


les-amants-passagers 3-copie-1

 

 

27) Gravity (Alfonso Cuaron) 

 

Grand film évènement de l'année, Gravity n'est peut-être pas le monument attendu tant le récit se révèle d'une simplicité toute programmatique (et tant mieux), mais sa matière visuelle, alliée à une 3D impressionnante, en font clairement l'expérience immersive de l'année. Huis-clos réinventé, travaillant profondément la notion d'angoisse (bien qu'Alien l'ait fait avant, et plus loin encore), le film de Cuaron vaut pour la virtuosité sensitive de sa mise en scène et de son découpage. Une mise en orbite sidérante.

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28) Inside Llewyn Davis (Joel Coen, Ethan Coen) 

 

Coen mineur, Coen quand même! Après quelques ratés (les deux comédies has been Intolérable Cruauté et Burn After Reading), les deux frères reviennent avec le portrait envoûtant d'un loser errant qui n'est pas sans rappeler A serious man, l'un de leurs précédents et plus beaux films. Atmosphère cotonneuse, direction technique superbe, équilibre de jeu(x), trésors de récit enfouis sous la lecture en boucle de la narration... et un chat, abstraction féline d'un magnétisme mystérieux...


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29) Le Passé (Asghar Farhadi)

 

Brillante étude de caractères, le nouveau film de Farhadi, bien qu'il ait un peu perdu de son panache stylistique (Le Passé est son premier film français, et d'un style un peu plus lisse), nous rappelle son talent de conteur et d'observateur. D'une grande humanité, son cinéma est travaillé d'une précision de jeu et de dialogue qui en font tout le prix. Les rebondissements scénaristiques, un peu pesants en comparaison de son chef-d'oeuvre A propos d'Elly, ne ternissent pourtant pas l'émotion procurée par ce déchirement familial ausculté, analysé avec le regard méticuleux d'un horloger du cinéma.


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30) Conjuring : Les dossiers Warren (James Wan)

 

Excellent film d'épouvante (vendu comme une énième soupe à effets) renouant avec les effets d'une époque perdue - celle de la maison hantée - , ce Conjuring tout bonnement effrayant alterne entre les brillantes idées scénographiques (jeux d'ombres et de formes dans la tradition de Tourneur, mise en perspective du statut de spectateur dans d'angoissantes parties de colin-maillard) et une mise en scène intelligemment stylisée. Hormis les vingt dernières minutes, d'une banalité très post-Exorciste, cette petite pépite mérite bien des regards... d'effroi!


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REVELATIONS DE L'ANNEE :

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THE CRACK (Alfonso Acosta) - INEDIT


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LE GEANT EGOÏSTE (Clio Barnard)


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WADJDA (Haifaa Al Mansour)


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LES RENCONTRES D'APRES MINUIT (Yann Gonzalez)

 

MEILLEUR DESSIN ANIME DE L'ANNEE :

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MONSTRES ACADEMY (Dan Scanlon - Pixar)

 

MEILLEURES COMEDIES DE L'ANNEE :

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LES AMANTS PASSAGERS (Pedro Almodovar)


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40 ANS, MODE D'EMPLOI (Judd Apatow)

 

MEILLEUR BLOCKBUSTER DE L'ANNEE (le seul?) :

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NO PAIN NO GAIN (Michael Bay)

 

LES PLUS BELLES MISES EN SCENES DE L'ANNEE :


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LINCOLN (Steven Spielberg)


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PASSION (Brian De Palma)


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BORGMAN (Alex Van Warmerdam)


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L'INCONNU DU LAC (Alain Guiraudie)


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DJANGO UNCHAINED (Quentin Tarantino)


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TEL PERE, TEL FILS (Hirokazu Kore-Eda)


 

FLOP 15 de l'année - les pires films :


 

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LA DANZA DE LA REALIDAD, fourre-tout égocentrique de Alejandro Jodorowsky, cinéaste-escroc que continuent de féliciter quelques plumes onaniques.


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TIP TOP de Serge Bozon, autre film qui confère à la blague, dont on se moquerait bien s'il n'avait pas trouvé un aussi beau chemin de distribution, encensé par quelques journalistes et projeté au dernier Festival de Cannes. Une arnaque tellement grosse que le film semble halluciner lui-même : tout le monde joue les yeux grands ouverts!


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ALABAMA MONROE, élu film-poisseux de l'année. Au programme : une belle prise d'otage au sentimentalisme discount sur la détérioration d'un enfant qui se meurt, se meurt, se meurt... Un couple qui se déchire, se déchire, se déchire... Pour les sado-masos du programme lacrymal pas propre.


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CARTEL, pire film de Ridley Scott à ce jour. Montage hasardeux, lumières surexposées, hachis de couleurs infâmes, acteurs pathétiques (Diaz, Pitt, Fassbender, Bardem, Cruz!), scénario pseudo-spirituel digne d'un enfant de trois ans. Scott + McCarthy + casting d'enfer = pas ce que vous croyez.


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SHADOW DANCER de James Marsh, film vu mille fois, qu'on reverra probablement encore mille fois. Ennui ultime et actrice affreusement antipathique.


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PIETA, de Kim Ki-Duk, Lion d'Or à Venise l'an dernier à base de mains coupées, de caméra qui mime le mouvement de l'impact d'une gifle (immersion!), de poulets décapités, d'inceste en bidonville, de méchant qui parle pas. Le niveau zéro de la radiographie sociale et du thriller psychologique, d'une subtilité à faire fuire, normalement, le jury d'un grand festival international. Sauf que non.


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MAN OF STEEL, annoncé comme un énième film de super-héros passé en mode dark et mature. Zack Snyder ne nous y reprendra plus : sous sa prétention de film intelligent, il livre encore plus moche et plus crétin, encore plus indigent et illisible (la scène d'ouverture : petit rire intérieur)... le pire film Superman, de très loin, et le plus atrocement nationaliste.


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SYNGUE SABOUR, Pierre de patience de Atiq Rahimi, adapté de son propre livre. On peut pardonner, à la rigueur, qu'un écrivain n'ait pas l'expérience d'un cinéaste, tout comme l'inverse est vrai, néanmoins à rien ne sert de défendre cette fable détestable où, une fois de plus, le spectateur est obligé de subir. Notamment le viol de l'héroïne par un 'pauvre' soldat attardé. Lumières léchées, cadrages lyriques : c'est tellement du cinéma qu'on se demande où se niche le propos de l'auteur-cinéaste. Même les explosions et les ruines sont belles!


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WHITE HOUSE DOWN blockbuster idiot qu'on a fait passer pour du second degré sous prétexte qu'il contient des gags. L'apologie du pouvoir total des Etats-Unis est à ce point peu masqué qu'il semble étonnant que tout le monde n'ait fait que profiter d'un spectacle décomplexé. Qui lui-même, par ailleurs, est d'une nullité abyssale.


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A LA MERVEILLE de l'incontournable Terrence Malick. Radicalité absolue de sa nouvelle recherche stylistique qui, du fascinant laboratoire Tree of Life, amène à ce pensum affreux et bourre-chrétien. Esthétisme de pacotille auto-chantant les louanges de la méthode Malick, à base de plans cut et de non-récit : c'est décidé, Malick, c'est désormais ça. Des acteurs qui trainent la patte, un juke-box de musique classique en guise d'étalage du bon goût, une tambouille philosophique infantile et un prêtre qui doute - Bardem, talent sacrifié sur l'autel du grand cinéaste manitou : à peu de choses près, un spot publicitaire pour rejoindre la secte Malick.

 

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JEUNESSE de Justine Malle, premier film de la fille de Louis Malle. Tendance d'un cinéma français fauché qui ne parvient jamais à transcender ou éclairer la modestie de ses moyens : des séquences sans rythme, sans style, sans idées, sans charme, sans nuance, au service d'une histoire qui aurait pu être émouvante.


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GATSBY LE MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann - dont on n'a jamais attendu grand chose. Clippeur frénétique responsable de budgets colossaux, les films de Luhrmann ne sont jamais autre chose qu'une pyrotechnie grossière, voyante, à la poursuite d'idées narratives qui ne viennent jamais. 3D lisse et inutile, comme souvent, Gatsby tombe dans la soupe du tout-numérique, et le découpage débordant, excessif, finit de faire d'un élégant mélodrame un film de clubber dont les choix anachroniques ne trouvent jamais d'écho dans le récit original. Sous les allures post-moderne-Galeries Lafayette de cette bruyante frénésie, la caméra s'évertue à s'agiter sans but, pendant que tout le monde se fige dans le chromo poussiéreux d'une image numérique... déjà datée.


Iron Man 3-copie-2

IRON MAN 3 de Shane Black, suite du blockbuster indigent qu'était Iron Man 2, et du blockbuster moyen qu'était Iron Man. Humour de buddy movie pas drôle, action tonitruante, toujours illisible (définitivement la norme hollywoodienne des années 2000), com' tape-à-l'oeil... Finalement rien d'autre qu'un objet difforme et ennuyeux.


Only god forgives

ONLY GOD FORGIVES, film tant attendu et déception totale. Nicolas Winding Refn revient après un Drive sous somnifère, dans un exercice de style grotesque et pédant, façon film-trip à la Valhalla Rising (autre sommet de nullité). Avec la Trilogie Pusher et Bronson, Refn s'était posé comme un cinéaste frondeur, anti-conformiste, singulier. Il a perdu toute sa rage et ses formidables excès formels dans une formule mystico-stone qui ne dupe plus personne. Les images sont belles, oui, mais c'est bien le dernier talent de Refn que de savoir s'entourer d'une talentueuse équipe technique.


Oz 2013

LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ remake malheureux du grand classique par Sam Raimi. D'un si bon cinéaste on pouvait attendre autre chose que cette guimauve fluo d'un autre âge. Malgré le beau prologue Burtonien, le reste du film semble être un catalogue photoshopé des pires excès numériques qui soient. Plus fluo tu meurs!


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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 00:01

la vénus à la fourrure

LA VENUS A LA FOURRURE, de Roman Polanski

 

Avec 127 films vus en salles cette année, 2013 s'est présentée comme l'année du retour en forces de très grands cinéastes (Polanski, Almodovar, Tarantino, Jia Zhang-Ke, De Palma, Paul Thomas Anderson, Kechiche, Spielberg...). Ce qui, à double tranchant, a amené certains d'entre eux à réaliser une sorte de 'film de trop' dont jamais ce qui faisait leur style et leur matière n'a pu trouver d'écho ou susciter le moindre étonnement : Refn, Malick, Jodorowsky ou Luhrmann ont tous échoué dans leurs conquêtes narcissiques d'une certaine splendeur de cinéma, qu'elle soit expérimentale, spirituelle, autobiographique ou spectaculaire.

Soulignons enfin ce qui a aussi fait le sel de cette riche année : les confirmations de cinéastes à ne surtout pas perdre de vue (Rebecca Zlotowski, Alain Gomis, Jeff Nichols, Derek Cianfrance, Alain Guiraudie, les frères-soeurs Wachowki, le trublion magique Harmony Korie...) , et les belles révélations qui l'ont ponctuée (Justine Triet en tête, Yann Gonzalez, Adam Leon...).

Quelques regrets cependant : avoir raté entre autres les films de Bruno Dumont, L'écume des jours de Gondry, le documentaire L'Escale de Kaveh Bakhtiari, ou encore la mini-série de Jane Campion, Top of the Lake... Un top 30 de l'année qui se fera donc sans eux, en attendant les rattrapages en dvd...

 

A touch of sin

A TOUCH OF SIN, de Jia Zhang-Ke


 

- 40 ANS : MODE D'EMPLOI de Judd Apatow

 

- 5 CAMERAS BRISEES de Emad Burnat et Guy Davidi

 

- 9 MOIS FERME de Albert Dupontel

 

- THE ACT OF KILLING  de Joshua Oppenheimer

 

- ALABAMA MONROE de Felix Van Groeningen

 

- A LA MERVEILLE de Terrence Malick

 

- ALCESTE A BICYCLETTE de Philippe Le Guay

 

- ALPS de Yorgo Lanthimos

 

- LES AMANTS DU TEXAS de David Lowery

 

- LES AMANTS PASSAGERS de Pedro Almodovar

 

- AMERICAN NIGHTMARE de James DeMonaco

 

- A TOUCH OF SIN de Jia Zhang-Ke

 

- L'ATTENTAT de Ziad Doueiri

 

- AU BONHEUR DES OGRES de Nicolas Bary

 

- AU BOUT DU CONTE de Agnès Jaoui

 

- AUJOURD'HUI de Alain Gomis

 

- A VERY ENGLISHMAN de Michael Winterbottom

 

- LA BATAILLE DE SOLFERINO de Justine Triet

 

- LA BELLE ENDORMIE de Marco Bellocchio

 

- BERBERIAN SOUND STUDIO de Peter Strickland

 

- THE BLING RING de Sofia Coppola

 

- BLUE JASMINE de Woody Allen

 

- BORGMAN de Alex Van Warmerdam

 

- CAPITAINE PHILLIPS de Paul Greengrass

 

- CARTEL de Ridley Scott

 

- CASSE-TÊTE CHINOIS de Cédric Klapisch

 

- C'EST LA FIN de Seth Rogen

 

- CITADEL de Ciaran Foy (INEDIT)

 

- CLOUD ATLAS de Andy Wachowski, Lana Waschowski et Tom Tykwer

 

- LE CONGRES de Ari Folman

 

- CONJURING : LES DOSSIERS WARREN de James Wan

 

- THE CRACK de Alfonso Acosta (INEDIT)

 

Django Unchained

DJANGO UNCHAINED, de Quentin Tarantino


 

- DANS LA TÊTE DE CHARLES SWANN III de Roman Coppola

 

- LA DANZA DE LA REALIDAD de Alejandro Jodorowsky

 

- LE DEMANTELEMENT de Sébastien Pilote

 

- LA DERNIERE FOIS QUE J'AI VU MACAO de Joao Pedro Rodrigues

 

- DJANGO UNCHAINED de Quentin Tarantino

 

- DON JON de Joseph Gordon-Levitt

 

- THE EAST de Zal Batmanglij

 

- EFFETS SECONDAIRES de Steven Soderbergh

 

- ELEFANTE BLANCO de Pablo Trapero

 

- ELYSIUM de Neill Blomkamp

 

- THE END de Jorge Torregrossa (INEDIT)

 

- ENTREE DU PERSONNEL de Manuela Fresil

 

- EVIL DEAD de Fede Alvarez

 

- L'EXTRAVAGANT VOYAGE DU JEUNE ET PRODIGIEUX T.S. SPIVET de J-P. Jeunet

 

- FAST & FURIOUS 6 de Justin Lin

 

- LA FILLE DU 14 JUILLET de Antonin Peretjatko

 

- FLIGHT de Robert Zemeckis

 

- FRANCES HA de Noah Baumbach

 

- GANGSTER SQUAD de Ruben Fleischer

 

- LES GARCONS ET GUILLAUME, A TABLE ! de Guillaume Gallienne

 

- GATSBY LE MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann

 

- LE GEANT EGOÏSTE de Clio Barnard 

 

- GIMME THE LOOT de Adam Leon

 

- GRAND CENTRAL de Rebecca Zlotowski

 

- LA GRANDE BELLEZZA de Paolo Sorrentino

 

- THE GRANDMASTER de Wong Kar-Waï

 

- GRAVITY de Alfonso Cuaron

 

- GRIGRIS de Mahamat Saleh Haroun

 

- HIJACKING de Tobias Lindholm

 

- LE HOBBIT : LA DESOLATION DE SMAUG de Peter Jackson

 

- HÔTEL TRANSYLVANIE de Genndy Tartakovsky

 

- HOUSE OF LAST THINGS de Michael Bartlett (INEDIT)

 

     The-Master-4.png  

THE MASTER, de Paul Thomas Anderson

 

- ILO ILO de Anthony Chen

 

- THE IMMIGRANT de James Gray

 

- L'INCONNU DU LAC de Alain Guiraudie

 

- INSIDE LLEWYN DAVIS de Ethan Coen et Joel Coen

 

- INSIDIOUS : CHAPITRE 2 de James Wan

 

- IRON MAN 3 de Shane Black

 

- LA JALOUSIE de Philippe Garrel

 

- JEUNE ET JOLIE de François Ozon

 

- JEUNESSE de Justine Malle

 

- JIMMY P. , Psychothérapie d'un Indien des plaines de Arnaud Desplechin

 

- KICK-ASS 2 de Jeff Wadlow

 

- LETTRE A MOMO de Hiroyuki Okiura

 

- LINCOLN de Steven Spielberg

 

- LORDS OF SALEM de Rob Zombie (INEDIT)

 

- LE LOUP DE WALL STREET de Martin Scorsese

 

- THE LUNCHBOX de Ritesh Batra

 

- MACHETE KILLS de Robert Rodriguez

 

- LA MAISON AU BOUT DE LA RUE de Mark Tonderai (INEDIT)

 

- LA MAISON DE LA RADIO de Nicolas Philibert

 

- MAMA de Andres Muschietti

 

- MANIAC de Franck Khalfoun

 

- MAN OF STEEL de Zack Snyder

 

- THE MASTER de Paul Thomas Anderson

 

- MA VIE AVEC LIBERACE de Steven Soderbergh

 

- METRO MANILA de Sean Ellis

 

- MÖBIUS de Eric Rochant

 

- MOI ET TOI de Bernardo Bertolucci

 

- LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ de Sam Raimi

 

- MONSTRES ACADEMY de Dan Scanlon

 

- MUD de Jeff Nichols

 

- NO PAIN NO GAIN de Michael Bay

 

- ONLY GOD FORGIVES de Nicolas Winding Refn

 

      Passion-3.jpg  

PASSION, de Brian De Palma

 

- LE PASSE de Asghar Farhadi

 

- PASSION de Brian De Palma

 

- PIETA de Kim Ki-Duk

 

- THE PLACE BEYOND THE PINES de Derek Cianfrance

 

- PRISONERS de Denis Villeneuve

 

- QUAI D'ORSAY de Bertrand Tavernier

 

- REMINGTON AND THE CURSE OF THE ZOMBADINGS de Jade Francis Castro (INEDIT)

 

- LES RENCONTRES D'APRES MINUIT de Yann Gonzalez

 

- SAMSARA de Ron Fricke

 

- THE SESSIONS de Ben Lewin

 

- SHADOW DANCER de James Marsh

 

- SHERIF JACKSON de Logan Miller

 

- SNOWPIERCER - LE TRANSPERCENEIGE de Bong Joon-Ho

 

- SPRINGBREAKERS de Harmony Korine

 

- STOKER de Park Chan-Wook

 

- SUZANNE de Katell Quillévéré

 

- SYNGUE SABOUR, Pierre de patience de Atiq Rahimi

 

- TEL PERE, TEL FILS de Hirokazu Kore-Eda

 

- LE TEMPS DE L'AVENTURE de Jérôme Bonnell

 

- TIP TOP de Serge Bozon

 

- UN CHÂTEAU EN ITALIE de Valeria Bruni Tedeschi

 

- VANISHING WAVES de Kristina Buozyte

 

- LA VENUS A LA FOURRURE de Roman Polanski

 

- V/H/S       - Collectif -    (INEDIT)

 

- LA VIE D'ADELE de Abdellatif Kechiche

 

- WADJDA de Haifaa Al-Mansour

 

- WHITE HOUSE DOWN de Roland Emmerich

 

- WORLD WAR Z de Marc Forster

 

- YOU'RE NEXT de Adam Wingard

 

- ZERO DARK THIRTY de Kathryn Bigelow

 

- ZULU de Jérôme Salle

 

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:48

2013 au cinéma, c'est aussi des acteurs, des actrices, des cinéastes qui dirigent, des coups de génie où le jeu s'emballe, la mécanique s'enraye ; des séquences montées qui se transforment en instants purs. Un imprévu, un sourire, un regard qui dépasse la technicité, des situations petites ou grandioses où les cinéastes admirent leurs comédien(ne)s explorer l'inconnu. Des zones de jeu, le temps d'un film entier (La vie d'Adèle, The Master) ou d'un moment magique (The Immigrant, Les rencontres d'après minuit).

La preuve en 6 flashs-back :


LA VIE D'ADELE (A. Kechiche)
  La-vie-d-Adele-2.jpg    

La bouche d'Adèle, orgasmique. L'abandon de deux actrices, film entier sur la connivence de jeu, film d'amour car film de jeu(x) ; tant pis si le prix à payer est une succession de lettres assassines et de procès moraux entre le cinéaste et ses muses. Le sourire d'enfance du premier baiser d'Adèle, la séquence de retrouvailles dans le café, toute cette chaleur que les deux actrices dégagent comme un brasier d'érotisme pur, c'est sa beauté protectrice devant les coups bas et le racolage médiatique, face à la mise à mort injustifiée d'une oeuvre grande et radieuse.

 

  LA VENUS A LA FOURRURE (R. Polanski) 

La-venus.jpg

Zone de jeu, pour sûr! Quoi de mieux que les planches d'un théâtre, le huis-clos, Polanski, le jeu de pouvoir, la lutte des sexes, pour faire transparaître l'amour du verbe (trivialité et sublimité de la langue), l'amour du rapport d'acteurs, scénique et moral? Le régime du surjeu d'abord, et le glissement progressif, inaperçu, vers un numéro de haute voltige de comédiens. Qui a l'oreille tendue vers la diction, la métrique, le rythme, la durée mais aussi la gestuelle, prendra plaisir à entendre tout mot et toute syllabe s'incarnant dans le jeu qui (dés)unit Seigner et Amalric. Zone de jeu ultime? Le final mystique et grotesque, où s'échappe sur une danse bacchanale la langue tirée d'Emmanuelle Seigner, dont la figure grimaçante reste gravée comme l'un des plus beaux pieds de nez aux conventions machistes.  

 

THE MASTER (P.T. Anderson)

The-Master-3.jpg

Comptant haut la main parmi les plus grands acteurs de leur temps, Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix plongent droit dans l'abîme tendu par P.T. Anderson. Sectarisme, perversion, conversion, dualité, virilité jalouse, amour inconscient refoulé, manipulation psychique... La grandeur du film d'Anderson est d'ouvrir des pistes claires, profondes, en laissant à ses comédiens le soin de décider ce qu'ils vont apporter, ou pas, au récit. Ainsi tout est sous-jacent, imprégné d'une mystique fascinante. La moitié du film est dans l'interprétation, sorte de meta-Actor's Studio où chacun dirige l'autre face caméra, jusque dans les excès. Phoenix, le magnétisme incarné, effraie en un plan. Il dévaste tout, soit en ne faisant rien, soit en faisant trop. Peu importe, sa simple présence emporte tout sur son passage. Hoffman, d'une subtilité renversante, domine, entourloupe, mais parvient à rendre palpable qu'il ne se domine que lui-même ; tout dans la direction d'acteurs, mène ici à la révélation. Le jeu est une trame, dantesque, mystérieuse, qui échappe à l'analyse car elle est profondément ancrée dans la mécanique du film, indissociable.

 

LES RENCONTRES D'APRES MINUIT (Y. Gonzalez)

Les rencontres...

Un moment unique parmi de nombreuses idées et des personnages jouissifs : le monologue phallique d'Eric Cantona (!), moment de cinéma hallucinant, drôle, vif, porté par la tendresse porn du comédien. Comme l'invention d'un nouveau style : la confession potache.

 

LA BATAILLE DE SOLFERINO (J. Triet)

La bataille de Solférino

Vincent Macaigne, phénomène tornade de l'année, voix cassée, look has-been, la ringardise portée à son plus haut niveau de trivial poétique. Il est l'énergie qui porte le film, ainsi que sa partenaire Laetitia Dosch. Il est le moteur comique, l'excès, le flux incessant, le rythme cardiaque d'un film qui fait rire par l'emportement de ses comédiens, et qui touche aussi par leur vérité, leur moments de plat, de sobriété.

 

THE IMMIGRANT (J. Gray)

The Immigrant

Encore Joaquin Phoenix ; de son regard d'acier, il domine le film mineur de James Gray, mélodrame enlisé dans un chromo d'un autre temps. Puis soudain, la dernière séquence retentit, d'une violence rare : c'est Phoenix qui, plein d'une rage imprévisible, tord la tête et fait front au personnage d'Ewa. Du jeu avec les tripes, en dehors du cadre 'plateau de tournage' que le film trimballe avec lui. Face à Ewa, mais surtout face à lui-même, Phoenix joue l'ultime élan d'un personnage qui se hait. C'est comme si il n'y avait plus personne en face : Phoenix contre Phoenix, sans caméra, seul face à son miroir. Auto-destruction d'un personnage en une scène de jeu de vingt secondes. Du grand art.

 

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 23:12

2013 en quelques moments inoubliables :

 

Django

  Le gunfight ultime de Tarantino dans Django Unchained, + hip hop et ralenti. Aussi dantesque que les Crazy 88 de Kill Bill.

I like the way you die, boy.

 


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Conjuring : Les dossiers Warren, de James Wan. La scène du clap-clap... de fin?


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Le décoiffant passage à l'animation dans le néanmoins inégal Congrès d'Ari Folman.


Cloud-atlas.jpg

    La construction kaléidoscopique du film-fou Cloud Atlas, dont on doute les trente premières minutes, avant de se faire avoir comme des enfants. by Andy & Lana Wachowski, et Tom Tykwer.


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Le plan-séquence d'ouverture, forcément, dans Gravity d'Alfonso Cuaron. Et ce plan discret, théorique, sensuel, du reflet de l'astronaute dans le miroir pendant la discussion de deuil ; la sensation qu'en haut il n'y a ni derrière ni devant, ni passé ni futur, juste un reflet dénué de sens, voué à se répéter dans l'infini.


LlewynCat

Les apparitions de plus en plus étranges et oniriques du chat Ulysse dans le très métaphysique Inside Llewyn Davis des frères Coen.


 

Passion

Le split-screen sur le Prélude à l'après-midi d'un faune / meurtre au couteau, dans Passion de De Palma, élu objet de culte de l'année.



springbreak

Le montage en degueulendi sur du Britney Spears dans le grand, très grand Spring Breakers d'Harmony Korine. Mais aussi sa scène d'ouverture sur Skrillex, et sa fusillade finale en tout-fluo...


 

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Le premier sketch du collectif - et traumatisant - V/H/S (inédit), où une jeune femme visiblement dérangée fixe la caméra et professe des "I like you" jusqu'à ce que...


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L'incessant et brillant jeu de pouvoirs dans le dernier opus du maître Polanski, La Vénus à la fourrure


 

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L'assaut de la forteresse de Ben Laden, moment de tension épique dans le superbe film (qui l'eût cru?) de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty


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Le zoom nocturne interminable sur la villa cambriolée, dans le semi-pop The Bling Ring de Sofia Coppola



berberian-sound-studio.jpg 

Les légumes sauvagement assassinés dans l'étrange Berberian Sound Studio de Peter Strickland


 

  5-cameras.jpg  

La caméra-bouclier dans le docu coup de poing 5 Caméras Brisées de Emad Burnat et Guy Davidi

 


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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 01:36

       LES 20 MEILLEURS FILMS DE 2012 :

 

 

1) TABOU de Miguel Gomes

 

    Pour la soif d'absolu, le geste libre, le grain vivant, le lyrisme moderne et les paysages hors du temps. Un film dont les sorts nous envahissent pendant longtemps, quelquepart entre l'énigme du monde et la romance sans âge.

 

Tabou-copie-1.png 

 

2) FAUST de Alexandre Sokourov    

 

    Pour la dimension mystique, sacrée, d'un film exceptionnellement beau et profond, dérangé, déformé, malaxé, jusqu'à la matière distordue de l'image et le corps délabré de Mephistophélès. Et les sommets d'un cinéma plastique et philosophique, surhumain, tellurique, perdu dans les hauteurs finales d'une montagne divine.

 

Faust-copie-1.png 

 

3) OSLO, 31 AOÛT de Joachim Trier    

 

    Pour l'amour porté au personnage, l'art du dialogue, de la déambulation, du formalisme et de l'improvisation poussés jusqu'à un désordre lyrique qui n'est pas sans rappeler la libre pensée du corps Godardien. Un film sur une ville, une génération, un homme, dans la beauté des choses et le spleen existentiel.

 

Oslo--31-Aout-copie-1.png 

 

4) LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan

 

    Pour l'audace sans bornes d'un des auteurs les plus immédiatement doués que l'on ait vu depuis longtemps au cinéma. A chaque film sa nouvelle intensité, le développement d'une dramaturgie de plus en plus consistante et bouleversante, l'émotion variée, l'esthétisme total d'un cinéaste pour qui le clinquant et la couleur ne sont pas des fins en soi. On en sort comme d'un feu d'artifices dans les jardins de Versailles.

 

Laurence-Anywyas.png 

 

5) THE WE AND THE I de Michel Gondry

 

    Pour l'expression urbaine reconstituée dans un geste naturel - naturaliste? - à la croisée des matériaux audio-visuels ; le bricolage made in Gondry, la vidéo, le documentaire, l'improvisation, le clip, le huis-clos... Une bouffée d'air frais dans l'univers du film-concept et une nouvelle proposition dans le monde déjà cerné du docu-fiction. Gondry n'est jamais aussi bon que quand il touche au réel.

 

The-we-and-the-I.png 

 

6) THE WOMAN de Lucky McKee      (Inédit)

 

    Pour la sauvagerie illimitée d'un récit aux vertus féministes, d'une cruauté rare dans le cinéma d'horreur indépendant. Après "May", Lucky McKee confirme son statut de metteur en scène essentiel à l'industrie du cinéma de genre américain, au point d'en être même le nouveau chef de file - que je m'engage à consacrer. Son personnage de bête humaine et le renversement progressif des rapports sociaux et sexuels en font une parabole grinçante de la middle-class américaine, doublée d'un survival... totalement monstrueux. 

 

The-Woman.png 

 

7) THE DESCENDANTS de Alexander Payne    

 

    Le film-surprise qui avait tout pour représenter les caractéristiques du pénible mélo lambda américain ; au final, un film doux, au plus beau sens du terme, dans la retenue et la simplicité la plus émouvante. George Clooney, à l'image du film, est là, et il suffit au récit, d'une tendresse étonnante pour un film américain dont le décor exotique devient, enfin, une acceptation de la culture et la mise en retrait de l'Americana ; des personnages s'adaptant, se métamorphosant au monde qui se déploie devant eux, face à la beauté de la Nature. Difficile de croire qu'il s'agit d'un film de studio hollywoodien. 

 

The-Descendants.png 

 

8) J. EDGAR de Clint Eastwood

 

    Le Biopic renouvelé d'un auteur-maître qui dépasse toujours les attentes ; interprétation magistrale (toujours plus subtile qu'une performance de la part de DiCaprio), dramaturgie sur-expressive, mise en scène réflexive sur les grandes thématiques eastwoodiennes. Et, encore une fois, un déluge émotionnel que seul Eastwood sait amener de façon si élégante.

 

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9) VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU d'Alain Resnais

 

    Réinventer l'écriture cinématographique et la question de la mémoire, un geste que Resnais ponctue à chaque nouveau film d'une modernité et d'une jeunesse toujours plus décapantes. Son nouveau film a quelquechose d'un mystère moderne qui renverrait directement à la tragédie antique qui se (re-)joue face à nous. Pourquoi les décors artificiels et la présence d'un casting très 'réunion des copains du métier' finissent-ils par répondre à la question du théâtre et de l'espace, de l'antiquité et du temps? Un film complexe qui mérite d'être revu, analysé, pour y saisir les multiples interprétations qui le ponctuent.

    Vous-n-avez-encore-rien-vu.png

 

10) CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky

 

    Pour l'admirable présence de Noémie Lvovsky et son enfance ressurgie ; le portrait d'une femme qui ne craint ni de vieillir, ni de perdre, ni de se souvenir, ni de revivre. Qui, tout du moins, a trouvé la potion magique en guise de substitut à la mémoire : un film un peu fou, émouvant, inventif, jeune, tout en pincements au coeur. Difficile de ne pas accepter de plonger dans cette formidable aventure qui parle le language universel avec délicatesse.

 

Camille-Redouble.png 

 

11) CHEVAL DE GUERRE de Steven Spielberg

 

    Pour l'enchaînement virtuose des points de vue, la narration excessive et la patte enchanteresque de Spielberg et son acolyte John Williams ; un grand film classique, peut-être d'un autre temps, mais un grand film quand même. 

 

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12) BELLFLOWER de Evan Glodell

 

    Un premier film cramé, biberonné à la violence clippesque, dont le bric-à-brac apocalyptique sert une expérience visuelle et sensorielle ébouriffante. Un film follement énergique et inventif, qu'on adorera ou détestera. 

 

Bellflower.png 

 

13) TWIXT de Francis Ford Coppola

 

    Un faux film commercial cachant une oeuvre profondément attristée et personnelle sur la perte d'un enfant. Un fantasme de cinéma aussi ludique que douloureux, évitant les écueils du nombrilisme et de la psychothérapie grâce au sens aigu de l'univers fantastique que développe Coppola ; un grand film de fantômes. 

    Twixt-copie-1 

 

14) 4H44, DERNIER JOUR SUR TERRE de Abel Ferrara

 

    La fin du monde filmée chez soi avec sa copine ; Ferrara n'a pas peur de ses ambitions et les transcende par un paradoxal manque de moyens. Une béance écomonique comblée par l'intelligence de la mise en scène, des effets - ménagés ou sublimés par l'expérimentation - , et la réflexion toujours obsessionnelle sur la question de la vidéo au sein d'un cinéma narratif. Une explosion d'idées au service d'un film-rock renversant, triturant le bon goût pour en faire une expression singulière ; jusqu'au final-monde, inoubliable.

 

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15) AU-DELA DES COLLINES de Cristian Mungiu    

 

    Pour la subtilité de l'écriture, l'engagement des comédiennes, la force de la scénographie face à une violence à suggérer. Et la séquence finale désabusée, suspension en forme de morale effrayée sur l'état d'un pays - un monde? - déliquescent.

    Au-delà des collines 

 

16) END OF WATCH de David Ayer

 

    Pour l'approche inattendue d'un film que l'on pourrait croire opportuniste et nationaliste - peut-être l'est-il au fond tant le second degré se fond dans l'effet littéral de la vidéo - , mais qui, avant toute chose, questionne le spectre du réalisme total dans le cinéma américain et la représentation de la violence physique et sociale. Une bombe savoureuse - qui se voit comme un GTA movie - , et une méditation sur le racolage des spectacles cinématographiques. Etrange objet d'étude. 

 

End-of-watch.png 

 

17) MARTHA MARCY MAY MARLENE de Sean Durkin 

 

    Interprétation incandescente de Elizabeth Olsen, réalisation tendre, agissant par fines touches, et véritable révélation d'un auteur à suivre ; un très beau premier film. 

    Martha marcy may marlene 

 

18) MISS BALA de Gerardo Naranjo        

 

    Pour le point de vue imposé, celui d'une jeune femme innocente prise dans la tourmente et la sauvagerie de la guerre des drogues. Un film quasiment subjectif tant ce point de vue invariable nous guide et nous oppresse par l'accumulation de situations imprévisibles et dont la violence est exacerbée - par cette même sensation consistant à nous laisser chancelants au milieu d'un champ de violence indescriptible, sans raison ni logique propre.

 Miss Bala

 

19) MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson       

 

    Pour la magie imperturbable de Wes Anderson, son dialecte personnel et, à chaque film, sa façon de le ramener vers l'innocence stylistique et le mûrissement personnel. Magique.

 

Moonrise-Kingdom-copie-1.png

 

20) LA CABANE DANS LES BOIS de Drew Goddard

 

    Difficile de trouver un film plus jouissif - à part The Woman, voir plus haut - pour l'année 2012. Un jeu de massacre(s) jouant sur les codes du teenage-movie horrifique pour tordre le cou aux idées reçues sur les raccourcis scénaristiques ; en résulte un film ludique, conceptuel, dont les vingt dernières minutes font office de paroxysme sanglantissime - un orgasme, pour tout dire. 

 

la cabane dans les bois

 

 

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Meilleure comédie de l'année :

 

THE DICTATOR de Larry Charles

 

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Révélations de l'année :

 

    LES BÊTES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin    

    les bêtes du sud sauvage

 

BULLHEAD de Michael R. Roskam

 

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AUGUSTINE de Alice Winocour    

 

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Blockbusters de l'année :

 

 PROMETHEUS de Ridley Scott

 

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SKYFALL de Sam Mendes    

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Dessin animé de l'année :

 

 

ERNEST ET CELESTINE

de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier

 

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Documentaire de l'année :

 

 

LES INVISIBLES  de Sébastien Lifshitz

 

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L'Ovni de l'année :

 

BELLFLOWER de Evan Glodell

 

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Meilleur montage de l'année :

 

ARGO de Ben Affleck

 

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La phrase de l'année :

 

<< Il va y avoir une grande lumière blanche.

Notre amour. Notre sagesse.

Je t'aime...

Nous sommes déjà des anges. >>

 

(4H44, DERNIER JOUR SUR TERRE de Abel Ferrara)

 

 

 

Le film qu'on n'attendait pas :

 

END OF WATCH de David Ayer

 

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qui, sous ses airs de film policier musclé, racoleur et réactionnaire, surfant sur la vague de la vidéo dans le cinéma américain, se révèle être une véritable oeuvre théorique sur la représentation de la violence au cinéma.

 

 

Les acteurs de l'année :

 

 

Denis Lavant (L'oeil de l'astronome / Holy Motors)

 

Anders Danielsen Lie (Oslo, 31 Août)

 

Mads Mikkelsen (La Chasse / Royal Affair)

 

Matthias Schoenaerts (Bullhead / De rouille et d'os)

 

 

Les actrices de l'année :

 

 

    Stéphanie 'Soko' Sokolinski (Bye Bye Blondie / Augustine)

 

Isabelle Huppert (Dubaï Flamingo / Captive / In another country / Amour / Les lignes de Wellington)

 

 

 

Les plus belles ouvertures de l'année :

 

HOLY MOTORS de Leos Carax    

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THE WOMAN de Lucky McKee

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TABOU de Miguel Gomes

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OSLO, 31 AOÛT de Joachim Trier

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AUGUSTINE de Alice Winocour

 

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Les plus belles fins de l'année :

 

4H44, DERNIER JOUR SUR TERRE de Abel Ferrara

 

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FAUST de Alexandre Sokourov

 

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Les films de maître :

 

CHEVAL DE GUERRE de Steven Spielberg

 

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J. EDGAR de Clint Eastwood

 

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Les plus belles mises en scène de l'année :

 

 

COSMOPOLIS de David Cronenberg

 

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FAUST de Alexandre Sokourov

 

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GO GO TALES de Abel Ferrara

 

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VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU de Alain Resnais

 

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TWIXT de Francis Ford Coppola

 

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La scène culte de l'année :

 

 

Le final anthologique de KILLER JOE de William Friedkin

 

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Les séquences folles de l'année :

 

 

La scène de bal et la scène de course hippique dans

ANNA KARENINE de Joe Wright

 

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Les plus belles images de l'année :

 

 

FAUST de Alexandre Sokourov

 

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LES HAUTS DE HURLEVENT de Andrea Arnold

 

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Meilleures bandes-sons de l'année : 

 

 

FAUST par Andrey Sigle

 

PROMETHEUS par Marc Streitenfeld

 

LAURENCE ANYWAYS par [Divers]

 

 

Plus beau générique - ouverture - de l'année :

 

SKYFALL de Sam Mendes (chanté par Adèle)

 

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Plus beaux titres de l'année :

 

HOLY MOTORS

 

LAURENCE ANYWAYS

 

PORTRAIT AU CREPUSCULE

 

AMOUR

 

JE SENS LE BEAT QUI MONTE EN MOI

 

LA PART DES ANGES

 

LA NUIT D'EN FACE

 

A PERDRE LA RAISON

 

KEEP THE LIGHTS ON

 

CESAR DOIT MOURIR

 

 

Les plus belles affiches de l'année :

 

Les adieux à la reine 1Oslo-31-aout-2.pngMartha-marcy-may-marlene-2.png38-temoins.pngDe-rouille-et-d-os.pngGerhard Richter Paradis-perdu.pngHoly-Motors-affiche.pngLaurence-anyways.pngA-perdre-la-raison.pngVous-n-avez-encore-rien-vu-3.pngDespues-de-lucia.pngLike-someone-in-love.pngIn-another-country.pngAu-dela-des-collines-2.pngLes-invisibles.pngL-age-atomique.pngCogan.pngLes-betes-du-sud-sauvage-2.pngSugar-Man.png

 

 

 

LE FLOP 10 de l'année - Les pires films :

 

 

1) CAFE DE FLORE de Jean-Marc Vallée

 

    Un cinéma qui 'refait le monde' et répond à toutes les questions que s'est posée l'humanité jusqu'à aujourd'hui ; avec un DJ, deux trisomiques et Vanessa Paradis. La prétention faite film.

 

Café de flore2

 

2) EXPENDABLES 2 : Unité Spéciale de Simon West

 

    Un cinéma de vieux colonialistes stupides, sur l'Amérique salvatrice et ses gros bras. Tout est dit dans le casting. 

 

Expendables 2

 

3) 360 de Fernando Meirelles

 

    Une horripilante 'adaptation' de La Ronde de Schnitzler dans un pseudo-film-monde d'une bêtise et d'une laideur affligeantes. 

 

360

 

4) COMPLIANCE de Craig Zobel

 

    Malgré le carton 'faits réels' au début du film, on a toujours pas réussi à y croire. L'affreuse réalisation, la musique assourdissante, le casting médiocre et les choix de scénario et de montage douteux doivent trouver un lien avec le problème de la vraisemblance. 

 

compliance

 

5) THE MOTH DIARIES de Mary Harron       (Inédit

 

Un sous-Twilight (si, si!) en plus laid, plus bête, plus chaste. L'horreur. 

 

The moth diaries

 

6) LES MONDES DE RALPH de Rich Moore

 

    Un dessin animé abrutissant et moche, censé représenter l'innocence d'un Disney de Noël ; même un jeu vidéo avec des bazookas et des aliens semble plus approprié à un enfant que ce spectacle débile coloré par un arc-en-ciel de fluos vomitifs, et sonorisé par une techno de junkie. Assommant.

 

Les mondes de ralph

 

7) THE CAT de Byeon Seung-Wook       (Inédit

    Le contre-exemple du nouveau cinéma sud-coréen virtuose ; un enfer de film d'épouvante dénué de frissons, d'idées, d'humour. Une pâle resucée du cinéma de fantômes japonais, avec twist minable à la clé.

 

The Cat

 

8) SHERLOCK HOLMES 2 : Jeu d'ombres de Guy Ritchie

 

    Un grand spectacle débilisant, hors-sujet, tentative de modernisation d'un mythe de la littérature, mais surtout : échec cuisant et hystérique, avec acteurs en roue libre et probable rediffusion sur MTV dans un an, un soir de déprime. 

 

sherlock-holmes-2.png

 

9) DETACHMENT de Tony Kaye

    Un 'film-social' qui ment, parsemé de mauvais choix esthétiques et moraux. Adrien Brody a beau être classieux, il ne sauve pas le film de la manipulation d'idées et de la mise en perspective de situations glauques en un avenir peu rayonnant. Un étalage de clichés de film de prof, à vocation prétentieusement philosophique et humaniste. Pouah.

 

Detachment-2.png

 

10) SAVAGES de Oliver Stone

    Un délire mal tenu, loin des anciens films fun de Oliver Stone ; blockbuster cheap et incontrôlable, entre violence grotesque et moche - sans plaisir - , et casting affreux. Un film qui semble avoir à peu près vingt ans de retard et quelques grammes de trop dans le sang.

 

savages.png

 

 

 

 

ET................ 

 

 

BONNES FÊTES A TOUS !!!

 

 

 

 

 

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 00:15

        *Films vus en 2012 (et leurs notes) :

 

 

(***** : Chef-d'oeuvre   **** : Excellent    *** : A voir    ** : A voir à la rigueur   * : Passable    0 : Mauvais)

 

 

 

Tabou.png  TABOU, de Miguel Gomes 

 

 

 

- 2 DAYS IN NEW YORK de Julie Delpy  **

 

- 38 TEMOINS de Lucas Belvaux  **

 

- 360 de Fernando Meirelles  0

 

- 4h44, DERNIER JOUR SUR TERRE de Abel Ferrara  ***

 

- LES ACACIAS de Pablo Giorgelli   *

 

- LES ADIEUX A LA REINE de Benoit Jacquot   *

 

- AMOUR de Michael Haneke   *

 

- ANNA KARENINE de Joe Wright   **

 

- ANONYMOUS de Roland Emmerich   **

 

- A PERDRE LA RAISON de Joachim Lafosse   **

 

- APRES MAI de Olivier Assayas   **

 

- ARGO de Ben Affleck   ***

 

- AU-DELA DES COLLINES de Cristian Mungiu   ***

 

- AUGUSTINE de Alice Winocour   ***

 

- AVENGERS de Joss Whedon   0

 

- BABYCALL de Pal Sletaune   **

 

- BEAST de Christoffer Boe    Inédit     *

 

- BELLFLOWER de Evan Glodell   ***

 

- LES BETES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin   ***

 

- BLANCHE-NEIGE ET LE CHASSEUR de Rupert Sanders   0

 

- BULLHEAD de Michael R. Roskam   ***

 

- LA CABANE DANS LES BOIS de Drew Goddard   ***

 

- CAFE DE FLORE de Jean-Marc Vallée   0

 

- CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky   ***

 

- THE CAT de Byeon Seung-Wook     Inédit     0

 

- CESAR DOIT MOURIR de Paolo Taviani & Vittorio Taviani   *

 

- LA CHASSE de Thomas Vinterberg   ***

 

- CHERCHEZ HORTENSE de Pascal Bonitzer   **

 

- CHEVAL DE GUERRE de Steven Spielberg   ****

 

- COGAN : Killing Them Softly de Andrew Dominik   *

 

- COMPLIANCE de Craig Zobel   0

 

- LE CONCOURS DE DANSE de Bess Kargman     *

   

- COSMOPOLIS de David Cronenberg   ***

 

- DAMSELS IN DISTRESS de Whit Stillman   **

 

- DANS LA MAISON de François Ozon   **

 

- THE DARK KNIGHT RISES de Christopher Nolan   ***

 

- DARK SHADOWS de Tim Burton   ***  

 

- THE DAY de Douglas Aarniokoski    Inédit     *

 

- DE ROUILLE ET D'OS de Jacques Audiard   **

 

- THE DESCENDANTS de Alexander Payne   ****

 

- DETACHMENT de Tony Kaye   0

 

- THE DICTATOR de Larry Charles   ***

 

- DO NOT DISTURB de Yvan Attal   *

 

- ELLE S'APPELLE RUBY de Valérie Faris & Jonathan Dayton   **

 

- END OF WATCH de David Ayer   ***

 

- ERNEST ET CELESTINE

de Benjamin Renner, Vincent Patar & Stéphane Aubier   ***

 

- EXPENDABLES 2 : UNITE SPECIALE de Simon West   0

 

- FAUST de Alexandre Sokourov   *****

 

 

Faust.png

 

FAUST d'Alexandre Sokourov 

 

 

  - FRANKENWEENIE de Tim Burton   **

 

- GOD BLESS AMERICA de Bob Goldthwait   *

 

- GO GO TALES de Abel Ferrara   ***

 

- LE GRAND SOIR de Benoît Delépine & Gustave Kervern   **

 

- GRAVE ENCOUNTERS des Vicious Brothers  / Inédit    0

 

- HANEZU - L'esprit des montagnes de Naomi Kawase   *

 

- LES HAUTS DE HURLEVENT de Andrea Arnold   **

 

- HERITAGE de Hiam Abbass   *

 

- LE HOBBIT : Un voyage inattendu de Peter Jackson   *

 

- HOLY MOTORS de Leos Carax   **

 

- THE IMPOSSIBLE de Juan Antonio Bayona   *

 

- IN ANOTHER COUNTRY de Hong Sang-Soo   **

 

- THE INCIDENT de Alexandre Courtès    Inédit    **

 

- INGRID JONKER de Paula Van der Oest   *

 

- INSENSIBLES de Juan Carlos Medina   **

 

- LES INVISIBLES de Sébastien Lifshitz    ***

 

- I WISH, Nos voeux secrets de Hirokazu Kore-Eda   **

 

- JASON BOURNE : L'héritage de Tony Gilroy   0

 

- J. EDGAR de Clint Eastwood   ****

 

- JUAN OF THE DEAD de Alejandro Brugués   Inédit    *

 

- KEEP THE LIGHTS ON de Ira Sachs   **

 

- KILLER JOE de William Friedkin   ***

 

- KIRIKOU ET LES HOMMES ET LES FEMMES de Michel Ocelot   **

 

- LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan   ****

 

- LIKE SOMEONE IN LOVE de Abbas Kiarostami   *

 

- LOOPER de Rian Johnson   **

 

- LE MAGASIN DES SUICIDES de Patrice Leconte   *

 

MAIN DANS LA MAIN de Valérie Donzelli     0 

 

- LA MAISON DES OMBRES de Nick Murphy   Inédit    **

 

- MARTHA MARCY MAY MARLENE de Sean Durkin   ***

 

- MILLENIUM : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes

de David Fincher   **

 

- MISS BALA de Gerardo Naranjo   ***

 

- MOI, DEPUTE de Jay Roach   **

 

- LES MONDES DE RALPH de Rich Moore   0

 

- MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson   ***

 

- THE MOTH DIARIES de Mary Harron    Inédit    0

 

- NOUVEAU DEPART de Cameron Crowe   **

 

- L'ODYSSEE DE PI de Ang Lee     ***

 

- OSLO, 31 AOÛT de Joachim Trier   *****

 

 

Oslo--31-Aout.png

 

OSLO, 31 AOÛT de Joachim Trier

 

 

- PAPERBOY de Lee Daniels   *

 

- LA PART DES ANGES de Ken Loach   **

 

- PASTORELA de Emilio Portes    Inédit    **

 

- PIEGEE de Steven Soderbergh   **

 

- LE POLICIER de Nadav Lapid   **

 

- LE PRENOM

de Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte   **

 

- PROMETHEUS de Ridley Scott   ***

 

- RABIES de Aharon Keshales & Navot Papushado    Inédit    *

 

- ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel   ***

 

- SAVAGES de Oliver Stone    0 

 

-  THE SECRET de Pascal Laugier     * 

 

- SHERLOCK HOLMES 2 : Jeu d'ombres de Guy Ritchie    0 

 

- SKYFALL de Sam Mendes    *** 

 

- SUR LA ROUTE de Walter Salles     ** 

 

- TABOU de Miguel Gomes     ***** 

 

- TAKEN 2 de Olivier Megaton     * 

 

- TAKE SHELTER de Jeff Nichols     *** 

 

- LA TAUPE de Tomas Alfredson     ** 

 

- TED de Seth McFarlane     ** 

 

- LA TERRE OUTRAGEE de Michale Boganim     ** 

 

- THE THEATRE BIZARRE de [Collectif]     * 

 

- THERESE DESQUEYROUX de Claude Miller       **

 

- TO ROME WITH LOVE de Woody Allen     * 

 

- TUCKER & DALE FIGHTENT LE MAL de Eli Craig     ** 

 

- TWILIGHT Chapitre 5 : Révélation 2ème Partie de Bill Condon     * 

 

- TWIXT de Francis Ford Coppola     *** 

 

- TYRRANOSAUR de Paddy Considine     * 

 

- UN JOUR DE CHANCE de Alex de La Iglesia     * 

 

- VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU de Alain Resnais     *** 

 

- THE WE AND THE I de Michel Gondry    **** 

 

- THE WOMAN de Lucky McKee     Inédit     **** 

 

- WOODY ALLEN : A DOCUMENTARY de Robert B. Weide     ** 

 

- WRONG de Quentin Dupieux     * 

 

- YOUNG ADULT de Jason Reitman     * 

 

 

4h44 

 4H44, DERNIER JOUR SUR TERRE de Abel Ferrara

 

 

 

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 23:30

Go-Go-Tales.jpg

Comédie dramatique américaine

Avec : Willem Dafoe, Bob Hoskins, Asia Argento...

1h45

Sortie en salles le 8 Février 2012

 

Go-Go-Tales2.jpg

Les danseuses du Go Go Tales

 

 

Ray Ruby's Paradise, Manhattan, New York, USA. De cet établissement où l'effeuillage et le coquin sont monnaie courante, nous voici le public durant 1h45, comme le serait un promoteur immobilier lors d'une visite privée. Des cuisines à la scène, du bar aux vidéos-surveillance, des loges aux bureaux, Go Go Tales propose une étonnante plongée d'un ordre tout à fait anecdotique dans un cabaret fictif qui semble contenir l'énergie d'un plateau de cinéma, tout comme Ray Ruby, le patron de la boîte incarné par Willem Dafoe, est la version surjouée de Ferrara perdant les commandes de sa carrière, de ses budgets, de son équipe, de son inspiration.

De cette idée déjà vue - qui consiste donc à métaphoriser l'évènement personnel du cinéaste en un spectacle permanent - ressort indéniablement un grand film, aussi grand qu'il semble privé, restreint, et finalement sans grande importance dans la filmographie du roi de New York. La première chose qui frappe dans cette mise en scène d'un groupe, d'une presque famille, c'est l'enfermement qu'a créé Ferrara et l'effet d'obsession qui en ressort. L'hystérie collective devient une masse difforme et un effet comique impayable tant le support claustrophobique nous oblige à vivre chaque mésaventure, aussi infime soit-elle, avec et pour les personnages.

 

Go-Go-Tales-3.jpg

Willem Dafoe


L'énergie visuelle et sonore travaille jusqu'à l'épuisement cette sensation de comédie et de tragédie légère ; lumières artificielles propres aux cabarets, surjeu éventuel des comédiennes selon leur présence sur scène ou en dehors, babillage sans conséquence prenant des proportions affolantes, enfermement des voix dans un lieu clos, hyperactivité de la présence musicale dû aux prestations scéniques... Ferrara utilise là toute la matière qui lui est offerte par la simple définition du lieu. Son choix esthétique, d'une grande force, est de ne jamais déranger cette matière par un évènement extérieur ; ainsi jamais ne voit-on un morceau de ciel, de trottoir, de route, de voiture. Même les rares scènes d'extérieur minimisent l'activité autre que sonore ; les klaxons accompagnent un plan serré d'un personnage marchant près du mur dans une avenue qu'on imagine remplie par le trafic automobile. Ferrara n'utilise jamais d'autres digressions que celles permises à l'intérieur de son Temple de pacotille ; et celles-ci sont multiples, voire infinies même si on ne peut y trouver ni aérations ni horizons esthétiques.


Tout se base sur un vague suspens de tombola, grossière ficelle de cinéma dont Ferrara se délecte et nous avec, jusqu'à une extraordinaire séquence finale basée sur une progression de la tension narrative et un climax qui prouve la maîtrise de Ferrara dans n'importe quelle situation. Willem Dafoe y endosse comme un caméléon sous acides le rôle de Ray Ruby's / Ferrara jusqu'à l'hystérie sociopathe. Le joyeux bordel qui sous-tend le film ne vaut pas néanmoins un cinéma bordélique ; au contraire les idées fusent mais sont canalisées par cette idée jusqu'au-boutiste d'un inattendu huis-clos dont les seules pupilles extérieures sont les vidéos-surveillance, et dont la matière nous est transmise parfois dans des plans intégraux - étrangeté abstraite et vertigineuse par sa répétition - , qui s'oppose dans son grain impur au travail ingénieux du directeur photo Fabio Cianchetti sur la représentation de l'énergie et du mouvement groupé dans le cabaret. Presque making-of secret, mais les bras grands ouverts au public, Go Go Tales démontre l'inventivité monstre d'un auteur loin du gouffre dans lequel la triste industrie du cinéma aura essayé de le plonger. A ceux qui croient que son cinéma s'est effondré, on y verra plutôt que son humour se décuple, son approche fait diversion, sa maîtrise se précise et s'adapte aux effets magiques du film, son attention visuelle continue de s'exprimer autant par le cérébral que par ce que le coeur ordonne (superbes plans d'ouverture où W. Dafoe, allongé, exténué, chemise blanche ponctuée de boutons de rubis, semble être caressé par des volutes de caméra et les inserts hallucinatoires d'une danseuse gracile au son de la harpe du Lac des cygnes).

 

 

J-B Doulcet

 

Go-Go-Tales4.jpg

Asia Argento

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 20:41

La-Taupe.jpg

Film d'espionnage britannique

Avec : Gary Oldman, Colin Firth, John Hurt...

2h07

Sortie en salles le 8 Février 2012

 

La-Taupe2.jpg

David Dencik

 

 

Difficile de donner une image claire du cinéaste qu'est Tomas Alfredson : avec à son actif - en Europe - , le très beau Morse, conte mélancolique sur deux enfants vampires, et La Taupe, film d'espionnage austère et rigoureux (à moins que la rigueur soit confondue avec une tendance aux visages crispés), il demeure l'exemple parfait du metteur en scène flou. Le seul liant possible entre les deux films serait une croyance démesurée en la technique, la couleur, jusqu'au redoutable mot 'style' . Car si La Taupe est en effet un travail de mise en scène minutieux et très concentré, stylisé pour faire sortir par l'expression visuelle la constatation d'un univers fantômatique et effroyablement rigide, il n'en demeure pas moins un fameux 'exercice de style' - et de mal à cela, il n'y en a pas.

En effet tout y prête dans la manière de revisiter, avec un kitsch scénique à la De Palma, une figuration excessive et des lumières de grand film d'espionnage britannique qui rigole pas, l'élégance d'un cinéma géopolitique vintage, post-Guerre Froide. D'où le côté film de pantins et de postiches. Puisque la caricature des personnages à l'écran (ridés, sans sourire, grimés, costumés à outrance) est le choix du cinéaste pour nous transmettre son point de vue sur l'état des hommes enfermés dans des bureaux, il n'y a qu'à suivre cette simple ligne directrice à défaut d'épaisseur psychologique.

 

La-Taupe3-copie-1.jpg

Gary Oldman, John Hurt


Le figé qu'évoque volontairement Alfredson n'a donc pas pour vocation de réduire les effets d'un phénomène d'action devenu hystérique au XXIème siècle, mais plutôt l'ambition un peu grande de dire, sans émotions mais par une accumulation d'artifices esthétiques, l'inhumanité du monde des services secrets. Le problème étant que dans sa volonté d'être dénué de pics et de jeux de montage (sauf à des fins purement stylisées, comme le final sur La Mer de Trénet, petite formule à effet prétentieuse où l'on constate la brillante synchronie sonore et visuelle), le film n'évoque jamais plus qu'une succession de cadres supérieurs qui s'ennuient derrière leurs tables beige de fin de décennie. Alfredson mise sur des personnages fonctionnels mais jamais humains (dire qu'un humain est vidé de sa substance, de son âme, c'est aussi montrer qu'il en a donc eu une!), jamais conscients d'autre chose que du programme imposé.


Evidemment l'espionnage est un sujet délicat si l'on s'attelle à la face existentielle du sujet et l'approche d'Alfredson est justifiable car elle est ultra-cinématographique ; elle donne un point de vue personnel, dans son adaptation même du roman de John Le Carré, d'un règne mystérieux d'humains quasiment lobotomisés par leur fonction, là où l'espionnage n'est souvent perçu que comme une machine de vente, pain béni des producteurs de cinéma qui n'en retirent que le potentiel d'action qu'il renferme. L'affirmation théorique qu'en fait Alfredson a certes tendance à rendre la matière nébuleuse, puisqu'ici le parti est pris pour que la matière ne puisse être ailleurs que dans l'image, néanmoins elle délivre une vision puissante à défaut d'être tout à fait limpide, et surtout, une foi cinématographique qui dépasse largement les obsessions commerciales qu'ont ce type de film. Il est même permis de se demander si le film ne court pas à un échec public cuisant.

 

 

J-B Doulcet

 

La-Taupe4.jpg

Gary Oldman

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 14:59

Detachment.jpg

Drame américain

Avec : Adrien Brody, Betty Kaye, James Caan...

1h37

Sortie en salles le 1er Février 2012


Detachment2.jpg

Sami Gayle, Adrien Brody

 

 

Tony Kaye a longtemps été le réalisateur d'American History X, considéré comme l'un des films marquants de la décennie 90. En voyant Detachment on se rappelle à quel point Kaye optait déjà pour une vision à tout prix moralisatrice du cinéma, vision devenue avec le temps une véritable soupe d'effets grandiloquents du plus mauvais goût. Ici rien ne colle ; la substance déjà est en opposition avec le sujet. Detachment nous parle d'une Amérique perdue à travers une classe d'élèves indisciplinés, issus d'une classe sociale peu glorieuse. Mais justement où est cette classe sociale? Chaque étudiant est une caricature groupée de délinquance physique et verbale, et les parents d'ignobles petits monstres qui crachent à la gueule des enseignants. Mais, au-delà des faits, qui existe derrière ces masques de 'cinéma-vérité'?

C'est de cela dont ne parle pas le film, pourtant prétentieusement dialectique. Les opprimés sont souillés par le point de vue angélique d'une domination intellectuelle et le film se réclame de plus d'une veine réaliste (voir les fausses interviews qui ouvrent le film, dispositif éculé s'il en est du pseudocufiction). La seule surprise du film intervient bien dans son chapitre final étrangement sombre et desespéré. Mais avant, tout y passe, de la relation tendre entre le prof héroïque et la jeune prostituée, à la jeune élève boulimique secrètement amoureuse, en passant par le grand discours de classe fédérateur et la romance entre enseignants. L'accumulation énorme de stéréotypes teinte le film d'un redoutable aspect de téléfilm trimballant ses grosses idées sur le monde sans subtilité ni originalité. C'est carrément l'horreur quand Kaye, à coup de gros plans vidéo, filme le suicide par empoisonnement, ou ose le parallélisme dans une même unité de lieu entre le visage jouissant d'Adrien Brody dans un bus et le mouvement de tête explicite de la jeune prostituée, jusqu'à ce que l'on saisisse le petit jeu de montage pervers ; Brody montre juste des signes de fatigue, alors que la prostituée est en train de se faire frapper par un vieux cochon à côté.

 

Detachment3.jpg

Adrien Brody, Blythe Danner, James Caan


Réussir à accepter émotionnellement un tel attrait pour le sordide lacrymal revient en général à oublier ce qu'il se passe véritablement dans un film, et c'est bien là l'insoutenable manipulation de l'objet. Le sujet, le vrai, n'existe pas plus que cette classe surréaliste où tout le monde est cruel et sacrément mal éduqué. La parole n'existe que dans un camp, celui des héros fatigués, et le spectateur doit compatir, non pas pour la victime d'une éducation perdue, mais pour un enseignant déprimé (on ne nous épargne pas le risible tableau de famille ; encore un prof à valise qui ne fait jamais l'amour à sa femme), ou encore une Principale qui part à la retraite et, bien sûr, boit pour oublier (car il va de soi qu'en plus de cela son couple n'est qu'une grande illusion de trente ans sans amour).

Le rapport permanent entre la figure et la caricature semble tellement évident pour Tony Kaye que son film en devient obscène, voire déviant, autant dans ses effets que dans son approche nihiliste par le rejet d'une logique. Il y a les sales cons à jamais perdus, jeune génération sans espoir ni accroche, puis il y a les grands vacillant mais encore debout, héros d'une société qui rêve de donner des leçons. Malheureusement le constat du film est terriblement déphasé puisqu'il ne met jamais en lumière le lien social qui existe entre l'intérieur d'une classe - des élèves réunis - et l'extérieur - des vies séparées - . En revenant alors sur Entre les murs, certes le film contenait sa part de démagogie, mais il exprimait au moins de manière bien plus franche cette existence de la relation et de la parole au sein d'un intérieur scolaire, et ce avec un réalisme bien plus crédible que le film de Tony Kaye qui s'y prétend mais n'y voit que l'occasion - ratée qui plus est - d'être malsain.

 

 

J-B Doulcet

 

Detachment4.jpg

Adrien Brody

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 20:46

Hanezu

Drame japonais

Avec : Tota Komizu, Hako Ohshima, Tetsuya Akikawa...

1h31

Sortie en salles le 1er Février 2012

 

Hanezuv2.jpg

Tota Kamizu

 

 

Histoire d'une relation interdite sous le signe des Dieux et des Montagnes, Hanezu no tsuki figurait dans la dernière compétition cannoise comme le film post-Fukushima, ôde à la Nature et au temps, conjuguant le verbe vivre et aimer. Naomi Kawase a déjà montré l'étendue de son talent et de son épure dans la fabuleuse Forêt de Mogari, film initiatique à la beauté radieuse. Mais cette fois son approche incertaine de légende villageoise, de fiction amoureuse et de reportage sociologique teinté de scènes oniriques détruit toute puissance des sentiments. A force de confondre ses fonctions, le récit, pesant et démonstratif tant il tient à sa métaphore légendaire, ne puise plus rien de naturel dans la double relation que vit Takumi.

 

Hanezu3.jpg

Hako Ohshima, Tota Komizu


Le rapport de la caméra à la nature est toujours d'une grande limpidité, la cinéaste prenant le parti (discret mais fort, qu'on le constate ou non) d'établir une mise en scène en conséquence du décor et non l'inverse. Ou plutôt une mise en scène dépendante de la Nature et de sa disposition. Cela se vérifie dans de nombreuses scènes, mais quel dommage alors que cette verdure respirant le vrai soit brouillée par des plans nocturnes mystiques grouillant d'insectes et de chair humaine... La symbolique de Kawase, liée à la légende des divinités montagneuses (dont le spectateur risque d'en ignorer le sens) échappe souvent à notre perception occidentale ; on ne va bien sûr pas faire le reproche à Naomi Kawase de traduire tout un pan culturel profondément enraciné dans les esprits japonais, néanmoins cette volonté traduit souvent ici une substance initialement assez vide dans les rapports amoureux.

Eclairer par le fruit de l'aventure amoureuse les temps ancestraux, à moins que ça ne soit l'inverse, se servir des divinités pour donner au sentiment amoureux contemporain une dimension tragique, voilà une ambition cinématographique convaincante dans sa promesse de conte et de film multiple. Tristement, Hanezu no tsuki ne développe qu'une vague sensation de ligne droite compliquée, celle d'un amour paisible, nébuleux mais sans tension ni véritable écho temporel, sans soucis des possibles lignes narratives qu'il évoque. C'est d'autant plus regrettable que les films de Naomi Kawase contiennent une sensibilité rayonnante et un style qui se démarque sans peine dans cette relation vitale qui se créée entre le cinéma et la Nature.

 

 

J-B Doulcet

 

Hanezu4

Hako Ohshima

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