Voici enfin le bilan de fin d'année!
Sur 127 films vus en salles, retrouvez mon choix des trente meilleurs par ordre croissant ; trente incontournables!
1) The Master (Paul Thomas Anderson)
Voilà qui résonne comme la pièce maîtresse de cette année cinématographique particulièrement forte. Film fascinant sur la contagion spirituelle, The Master ouvre vers de nouveaux horizons le style classique américain qu'il déjoue avec un sens du montage halluciné, une écriture surprenante (à mille lieues de la représentation attendue d'un sujet aussi massif), une force picturale inouïe, une direction d'acteurs inoubliable. Tout concourre à faire de ce nouveau chef-d'oeuvre de P.T. Anderson un grand classique... pourtant fortement moderniste!
2) La Vénus à la fourrure (Roman Polanski)
Pièce maîtresse de la filmographie de Polanski, l'un des derniers grands maîtres vivant, cette adaptation théâtrale cumule toute la richesse du cinéma et du théâtre, de la littérature et du jeu de masques dans une mise en scène d'une précision et d'une intelligence qui laissent perplexe. Doublé d'une oeuvre théorique sur la machinerie cinéma (voilà l'exemple d'un beau méta-film camouflé), ce manifeste féministe drôle et grincant dévoile l'amour d'un cinéaste porté à sa femme, à toutes les femmes... Quelle Vénus!
3) Passion (Brian De Palma)
Brillant exercice de style retrouvé (après quelques récits en roues libres), De Palma régénère le baroque de ses films grande période (les 80's), mixée à une étrange réflexion godardienne sur le semblant des images et leur statut pollué à l'ère ultra-moderne. Un film excitant de fantômes, de psychoses post-hitchcockiennes et d'images-mystères. Incontournable et résolument moderne.
4) Django Unchained (Quentin Tarantino)
Styliste invétéré, faiseur de culte, Tarantino réinvente son cinéma pour l'ouvrir vers un horizon politico-historique plus large, plus émotionnel ; mais c'est toujours par l'énergie d'un cinéma rageux et rigolard que procède ce récit merveilleux, véritable traité d'esthétique et de poésie vintage fondé sur une des plus belles mise en scène de l'année - et l'une des plus belles de son auteur. Plaisir immédiat.
5) 5 Caméras brisées (Emad Burnat et Guy Davidi)
Coup de coeur pour ce film de combat bouleversant. C'est un cinéma révolté, nécessaire, poème d'amour à tout ce qui fait film - la caméra comme bouclier littéral à la violence du monde, le mouvement comme énergie combattive, le temps comme mémoire immédiate.
6) Spring Breakers (Harmony Korine)
Furie pop, carnage fluo pour l'armée d'amazones bécasses 2.0 filmée par Harmony Korine, qui chamboule la dialectique d'un cinéma tranquillement moulé dans ses normes et ses conventions. Véritable molotov esthétique et narratif, Spring Breakers fait office de commentaire majestueux sur la décadence d'une nation et, finalement, plus malin qu'un petit jeu cynique de destruction, on s'amourache de ces crétins finis pour voguer vers une histoire d'amour scintillante, inattendue... profondément anti-conformiste. Un gros Fuck néo-warholien.
7) L'Inconnu du lac (Alain Guiraudie)
Le jardin des délices sous le soleil pesant du sud, au bord d'un lac. Une zone de rencontres entre homosexuels, un sympathique et timide bonhomme qui discute, une attirance perverse pour un étrange criminel, des fellations dans les herbes hautes, des baignades érotiques, un silure qui rôde... Peu à peu, la nuit tombe chez Guiraudie, immense image de mort qui s'installe, doucement, tendrement, dans la mécanique hédoniste de ce film du plaisir, de l'érotisme masculin. C'est qu'il y a ici, dans toute sa force littérale, l'étreinte frissonnante de l'amour et de la mort...
8) Tel père, Tel fils (Hirokazu Kore-Eda)
Tendresse et pudeur sont au coeur de ce mélodrame sidérant de simplicité, d'élégance et de finesse. Regard sur deux familles déchirées par l'impensable (l'échange d'enfants à la naissance), fable sociale et portrait de familles japonaises modernes, cette perle d'émotion et de justesse frappe juste à chaque coup, sans jamais chercher ni le pesant lacrymal ni la farce redondante. Dans un miraculeux équilibre de récit, d'acteurs et de scénographie (dont Ozu serait le fier géniteur), Tel père, Tel fils touche à quelquechose que l'on pourrait nommer d'intime universel.
9) La bataille de Solférino (Justine Triet)
Superbe promesse d'un jeune cinéma français qui se métamorphose enfin, cette bataille fait partie des grands moments cinématographiques de l'année pour son sens jouissif des personnages, son écriture mi-impro mi-évènementiel, son art des dialogues et l'orgie d'acteurs qui s'adonnent à ce jeu fermé-ouvert, petit-grand, huis-clos-Paris, le beau portrait d'une certaine génération dont l'énergie ne demande qu'à éclater.
10) Effets Secondaires (Steven Soderbergh)
Beau film de maître pour ce nouveau et avant-dernier (?) film de Soderbergh, dans une retraite anticipée. Hitchockien en diable, ce récit manipulateur et élégant déjoue par un habile jeu de chausse-trappes l'écriture linéaire qui a pu peser sur certaines oeuvres classiques du cinéaste. Ici, c'est avant tout un plaisir de cinéma, d'une grande intelligence stylistique et narrative, qui tient le film jusqu'à ses divers points de chutes et lectures de mise en scène. Une oeuvre formidable, malheureusement sous-estimée.
11) Lincoln (Steven Spielberg)
Grande oeuvre intime de Spielberg, cet étonnant parcours de bureaux et de couloirs constitue l'un des sommets de mise en scène du cinéaste américain. Loin de la reconstitution mélodramatique et du récit hagiographique, Spielberg évite exactement l'écueil pédago-nationaliste qui menaçait l'édifice entier du film en inscrivant son style dans une tradition filmique ultra-dialoguée, et de longues scènes de procès. Ce qui étonne c'est à quel point la machinerie émotionnelle tant redoutée est absente et à quel point le film fait l'apologie du discours politique, philosophique, humaniste : à quel point finalement l'écriture du dialogue tient d'une importance capitale. Ainsi Lincoln ressemble-t-il plus à une immense tirade légendaire, brillamment théâtrale, qu'à un film exhibant les produits de son artifice.
12) Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow)
Epopée haletante sur la traque de Ben Laden, cette fresque guerrière constitue l'un des points les plus fascinants du cinéma américain en 2013, aux côtés de Lincoln, dans la façon dont chacun d'eux réécrit l'Histoire américaine en l'inscrivant dans un style classique purement illusoire. La matière des images est fascinante chez Bigelow, qui travaille bien plus loin que dans ses précédents films (moyennement fascinants) la façon dont celles-ci prennent sens sur la durée et l'action, dans le cadre à priori très superficiel et programmé du cinéma d'action sur-découpé. Non seulement Zero Dark Thirty tient de l'exemple du genre en terme de découpage, de rythmique et donc d'efficacité, mais il amène surtout à une bien plus ample réflexion sur le Mal aux mille visages dont l'Amérique est devenue la victime, perdue dans ses propres reflets et sa paranoïa.
13) Gimme The Loot (Adam Leon)
Petit film passé inaperçu en début d'année, ce premier long-métrage n'a certes pas la carrure du grand classique inoubliable, mais son charme et sa simplicité, son regard porté sur New York, entre cartographie urbaine tout à fait accomplie et petit théâtre bucolique où on arpente et on court les rues, a de quoi marquer durablement cette année pleine de grands films mastodontes. Au final, la sincérité du projet, la beauté de son énergie street en font une balade revigorante, simple et, comme dans toute belle simplicité, un peu plus encore...
14) La Vie d'Adèle, Chapitres I & II (Abdellatif Kechiche)
Grand film d'amour éreintant, épuisant, comme la sonde collée au visage et au corps d'une actrice inoubliable, La Vie d'Adèle se donne au spectateur comme une gifle d'amour. D'une folle précision et d'une justesse renversante, la méthode Kechiche fait de nouveau merveille dans cette danse érotique terrassante. Magnifique.
15) Le temps de l'aventure (Jérôme Bonnell)
Parenthèse pleine de grâce et de non-dits, dans un style qui serait l'antithèse parfaite de La Vie d'Adèle, ce très beau film inespéré fait communier l'âme des sentiments et des corps avec celui d'un quotidien tristement banal et soudainement sublimé, éternisé. Film-lumière sur l'amour volatile, le petit rien caché dans nos grandes existences, dans nos vagues expériences, Le temps de l'aventure est une oeuvre aussi belle qu'elle est éphémère, desespérée.
16) Grand Central (Rebecca Zlotowski)
Encore une histoire d'amour française qui fait interragir micro et macro. Chronique sociale d'un amour caché, le nouveau film de la jeune et talentueuse Rebecca Zlotowski fait rimer coeur amoureux avec centrale nucléaire. Corps poisons, adultère se propageant comme la fuite d'un silo menaçant de répandre ses traces funestes, sensations d'éclaboussures de sentiments radioactifs... Tout ici tient habilement entre la radiographie du milieu des travailleurs et la passion interdite, nichée au sein d'une métaphore grandiose et subtilement travaillée. Un film qui vise et atteint une grandeur sentimentale et émotionnelle rare dans le paysage français moderne.
17) Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh)
Biopic astucieux et grandiloquent du non moins excessif Liberace, ce dernier (?) film de Soderbergh - déjà en 10ème position de ce top! - trouve une réponse littérale à toutes les questions que pose son personnage à travers un passionnant jeu de trouble identitaire. L'excès stylistique de l'auteur, qui à travers parvient pour autant à mesurer la part intimiste du personnage (les décors servant de façon tout à fait pertinente la psychie de Liberace), donne lieu à de fabuleuses séquences de spectacles et à une superbe interprétation de Michael Douglas et Matt Damon. Frasques drôlatiques d'un personnage à double facette et douloureux récit de la perte et du vieillissement, l'alchimie entre comédie et drame trouve ici un réel point d'ancrage pour ce beau film d'adieux.
18) Mud (Jeff Nichols)
Récit d'enfance en forme de conte à la Mark Twain, sublimé par des décors naturels utilisés avec une intelligence rare et une interprétation au diapason, le nouveau film de Jeff Nichols brille d'une atmosphère et d'une magie rare au sein d'un cinéma revendiquant tout le classicisme de ses enjeux mélodramatiques. Beau film d'amitié et d'apprentissage, Mud est assurément le film le plus mûr de Nichols. Son plus beau aussi.
19) La dernière fois que j'ai vu Macao (Joao Pedro Rodrigues)
Récit étrange et aride, troué de fulgurances modernes et d'abstractions en tous genres. Feux d'artifices éclatants, codes du film noir surlignés jusqu'au kitsch, belles associations d'idées, le film de Rodrigues oscille entre nocturne merveilleux et hommage à Lynch, dans une espèce d'hybridation formelle assez inquiétante entre les limites de la fiction et du documentaire. Une vraie expérience, envoûtante, dansante...
20) Aujourd'hui (Alain Gomis)
Oeuvre solaire sur la mort à partir d'un pitch mystique et légendaire, ce film de croyances ouvre une belle perspective pour le cinéma sénégalais - son réalisateur est aussi français. A travers les pérégrinations métaphysiques d'un jeune homme attendant la mort, dans le décor sorcier d'un Dakar trop rare au cinéma, Aujourd'hui déploie une superbe palette de couleurs et de formes dans un language narratif très épuré, sensoriel, voyage qui montre le passage serein de la lumière à l'obscurité.
21) The Place Beyond the Pines (Derek Cianfrance)
Magnifique et large mélodrame brossant un triple portrait inattendu, quelquepart entre l'ampleur dramaturgique du cinéma de Cimino et le film multi-genres, cette fresque de l'Amérique moderne redéfinit avec brio les codes narratifs du grand morceau de cinéma classique. Un coup de poing émouvant et inattendu.
------ Eaxequo ------
21) Cloud Atlas (Andy Wachowsky, Lana Wachowsky, Tom Tykwer)
Eaxequo avec The place beyond the pines, le nouveau film des réalisateurs du cultissime Matrix (épaulé par Tom Tykwer, réalisateur du Parfum) ressemble à un laboratoire de montage et de narration dont la première demi-heure serait le vilain petit canard. Malgré tout, cette superposition d'histoires multi-générationnelles échappant à toute logique temporelle parvient peu à peu à ouvrir le champ à une dimension existentielle insoupçonnée. Cocktail décoiffant d'aventures, de comédie, de science-fiction, de mélodrame et de film d'action étalé sur cinq siècles et près de trois heures, Cloud Atlas est l'ovni de l'année, porté par le charme d'une philosophie naïve et bienfaisante. Sacré moment!
22) A Touch of Sin (Jia Zhang-Ke)
Violente radiographie de la Chine contemporaine, le nouveau film de Jia Zhang-Ke poursuit les réflexions esthétiques du cinéaste sur la mutation du monde moderne et la diffraction du récit et des images. Fascinante traversée en quatre portraits déconnectés (mais dont les réminiscences et les liens motiviques apportent toute la pertinente précision), A touch of sin est l'oeuvre incontournable de cette fin d'année, bien que d'un nihilisme radical.
23) Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese)
Oeuvre enragée et rock'n'roll d'un cinéaste définitivement contestataire (à 71 ans!), ce Loup déjoue joyeusement les attentes d'un cinéma cynique et moralisateur. En rejouant à la sauce traders tous les motifs du cinéma de gangster qu'il a tant mis en scène, Scorsese amène à sa nouvelle époque un film qui lui correspond : une oeuvre indéchiffrable, saturée, noyée de substances et de vices, parlée dans une langue violentée, misérable. En érigeant le bruit et le débordement comme forme cinématographique, Scorsese analyse et détruit à boulets rouges le capitalisme forcené qui domine les plus puissantes sociétés modernes.
24) The Act of Killing (Joshua Oppenheimer)
Film-choc de l'année, dont l'ambiguité extrême ne rajoute qu'à son pouvoir de fascination. En retrouvant les bourreaux du massacre indonésien d'opposants politiques en 1965, Joshua Oppenheimer se retrouve à les filmer en train de rejouer avec plaisir et fierté leurs crimes abominables, crimes contre l'humanité. En utilisant tout le pouvoir de falsification du cinéma (au sein d'une oeuvre documentaire), Oppenheimer ouvre grand le champ de réflexion sur le pouvoir propagandiste des images et leur double sens : documentaire de la mise en scène et de la fiction, jouant sur la comédie musicale autant que le film de guerre et le film de gangsters, The Act of Killing pose de nouvelles bases face au regard sur les monstres humains graciés par un état corrompu. Il faut voir, au moins, jusqu'où va Oppenheimer en filmant la reconstitution d'un village pillé et brûlé par ces criminels : l'image de la mort pris dans l'étau inextricable du document et de la fiction. Un film qui, par une prouesse réflexive amenant toutefois à la dénonciation, vend son statut pour pactiser avec l'ennemi.
25) V/H/S (Collectif - Inédit)
Petite anthologie collective de jeunes maîtres de l'horreur, cette suite de sketches en found footage honore les grands noms du cinéma d'épouvante en rejouant la tradition dans sa forme la plus moderne : la vidéo. La beauté sale des images, conférant toute sa dimension à l'effroi, donne lieue à des sketches tous inspirés, parmi lesquels émergent le premier - dont le regard caméra devient le sens même de la peur cinématographique.
26) Les Amants Passagers (Pedro Almodovar)
Un Almodovar old school qui, après deux de ses meilleurs films (Etreintes brisées et le très sombre La piel que habito) revient à la comédie style movida. Délire orgiaque sous mescaline, cet avion enchanté est la porte ouverte à une comédie du plaisir et de l'excès qui ramène à la fois Almodovar à son statut de grand metteur en scène de comédie, mais aussi à celui, plus mystérieux, de metteur en scène du monde moderne. De là émergent des idées qu'un Godard ne renierait certainement pas... A commencer par la séquence d'ouverture.
27) Gravity (Alfonso Cuaron)
Grand film évènement de l'année, Gravity n'est peut-être pas le monument attendu tant le récit se révèle d'une simplicité toute programmatique (et tant mieux), mais sa matière visuelle, alliée à une 3D impressionnante, en font clairement l'expérience immersive de l'année. Huis-clos réinventé, travaillant profondément la notion d'angoisse (bien qu'Alien l'ait fait avant, et plus loin encore), le film de Cuaron vaut pour la virtuosité sensitive de sa mise en scène et de son découpage. Une mise en orbite sidérante.
28) Inside Llewyn Davis (Joel Coen, Ethan Coen)
Coen mineur, Coen quand même! Après quelques ratés (les deux comédies has been Intolérable Cruauté et Burn After Reading), les deux frères reviennent avec le portrait envoûtant d'un loser errant qui n'est pas sans rappeler A serious man, l'un de leurs précédents et plus beaux films. Atmosphère cotonneuse, direction technique superbe, équilibre de jeu(x), trésors de récit enfouis sous la lecture en boucle de la narration... et un chat, abstraction féline d'un magnétisme mystérieux...
29) Le Passé (Asghar Farhadi)
Brillante étude de caractères, le nouveau film de Farhadi, bien qu'il ait un peu perdu de son panache stylistique (Le Passé est son premier film français, et d'un style un peu plus lisse), nous rappelle son talent de conteur et d'observateur. D'une grande humanité, son cinéma est travaillé d'une précision de jeu et de dialogue qui en font tout le prix. Les rebondissements scénaristiques, un peu pesants en comparaison de son chef-d'oeuvre A propos d'Elly, ne ternissent pourtant pas l'émotion procurée par ce déchirement familial ausculté, analysé avec le regard méticuleux d'un horloger du cinéma.
30) Conjuring : Les dossiers Warren (James Wan)
Excellent film d'épouvante (vendu comme une énième soupe à effets) renouant avec les effets d'une époque perdue - celle de la maison hantée - , ce Conjuring tout bonnement effrayant alterne entre les brillantes idées scénographiques (jeux d'ombres et de formes dans la tradition de Tourneur, mise en perspective du statut de spectateur dans d'angoissantes parties de colin-maillard) et une mise en scène intelligemment stylisée. Hormis les vingt dernières minutes, d'une banalité très post-Exorciste, cette petite pépite mérite bien des regards... d'effroi!
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REVELATIONS DE L'ANNEE :
THE CRACK (Alfonso Acosta) - INEDIT
LE GEANT EGOÏSTE (Clio Barnard)
WADJDA (Haifaa Al Mansour)
LES RENCONTRES D'APRES MINUIT (Yann Gonzalez)
MEILLEUR DESSIN ANIME DE L'ANNEE :
MONSTRES ACADEMY (Dan Scanlon - Pixar)
MEILLEURES COMEDIES DE L'ANNEE :
LES AMANTS PASSAGERS (Pedro Almodovar)
40 ANS, MODE D'EMPLOI (Judd Apatow)
MEILLEUR BLOCKBUSTER DE L'ANNEE (le seul?) :
NO PAIN NO GAIN (Michael Bay)
LES PLUS BELLES MISES EN SCENES DE L'ANNEE :
LINCOLN (Steven Spielberg)
PASSION (Brian De Palma)
BORGMAN (Alex Van Warmerdam)
L'INCONNU DU LAC (Alain Guiraudie)
DJANGO UNCHAINED (Quentin Tarantino)
TEL PERE, TEL FILS (Hirokazu Kore-Eda)
FLOP 15 de l'année - les pires films :
LA DANZA DE LA REALIDAD, fourre-tout égocentrique de Alejandro Jodorowsky, cinéaste-escroc que continuent de féliciter quelques plumes onaniques.
TIP TOP de Serge Bozon, autre film qui confère à la blague, dont on se moquerait bien s'il n'avait pas trouvé un aussi beau chemin de distribution, encensé par quelques journalistes et projeté au dernier Festival de Cannes. Une arnaque tellement grosse que le film semble halluciner lui-même : tout le monde joue les yeux grands ouverts!
ALABAMA MONROE, élu film-poisseux de l'année. Au programme : une belle prise d'otage au sentimentalisme discount sur la détérioration d'un enfant qui se meurt, se meurt, se meurt... Un couple qui se déchire, se déchire, se déchire... Pour les sado-masos du programme lacrymal pas propre.
CARTEL, pire film de Ridley Scott à ce jour. Montage hasardeux, lumières surexposées, hachis de couleurs infâmes, acteurs pathétiques (Diaz, Pitt, Fassbender, Bardem, Cruz!), scénario pseudo-spirituel digne d'un enfant de trois ans. Scott + McCarthy + casting d'enfer = pas ce que vous croyez.
SHADOW DANCER de James Marsh, film vu mille fois, qu'on reverra probablement encore mille fois. Ennui ultime et actrice affreusement antipathique.
PIETA, de Kim Ki-Duk, Lion d'Or à Venise l'an dernier à base de mains coupées, de caméra qui mime le mouvement de l'impact d'une gifle (immersion!), de poulets décapités, d'inceste en bidonville, de méchant qui parle pas. Le niveau zéro de la radiographie sociale et du thriller psychologique, d'une subtilité à faire fuire, normalement, le jury d'un grand festival international. Sauf que non.
MAN OF STEEL, annoncé comme un énième film de super-héros passé en mode dark et mature. Zack Snyder ne nous y reprendra plus : sous sa prétention de film intelligent, il livre encore plus moche et plus crétin, encore plus indigent et illisible (la scène d'ouverture : petit rire intérieur)... le pire film Superman, de très loin, et le plus atrocement nationaliste.
SYNGUE SABOUR, Pierre de patience de Atiq Rahimi, adapté de son propre livre. On peut pardonner, à la rigueur, qu'un écrivain n'ait pas l'expérience d'un cinéaste, tout comme l'inverse est vrai, néanmoins à rien ne sert de défendre cette fable détestable où, une fois de plus, le spectateur est obligé de subir. Notamment le viol de l'héroïne par un 'pauvre' soldat attardé. Lumières léchées, cadrages lyriques : c'est tellement du cinéma qu'on se demande où se niche le propos de l'auteur-cinéaste. Même les explosions et les ruines sont belles!
WHITE HOUSE DOWN blockbuster idiot qu'on a fait passer pour du second degré sous prétexte qu'il contient des gags. L'apologie du pouvoir total des Etats-Unis est à ce point peu masqué qu'il semble étonnant que tout le monde n'ait fait que profiter d'un spectacle décomplexé. Qui lui-même, par ailleurs, est d'une nullité abyssale.
A LA MERVEILLE de l'incontournable Terrence Malick. Radicalité absolue de sa nouvelle recherche stylistique qui, du fascinant laboratoire Tree of Life, amène à ce pensum affreux et bourre-chrétien. Esthétisme de pacotille auto-chantant les louanges de la méthode Malick, à base de plans cut et de non-récit : c'est décidé, Malick, c'est désormais ça. Des acteurs qui trainent la patte, un juke-box de musique classique en guise d'étalage du bon goût, une tambouille philosophique infantile et un prêtre qui doute - Bardem, talent sacrifié sur l'autel du grand cinéaste manitou : à peu de choses près, un spot publicitaire pour rejoindre la secte Malick.
JEUNESSE de Justine Malle, premier film de la fille de Louis Malle. Tendance d'un cinéma français fauché qui ne parvient jamais à transcender ou éclairer la modestie de ses moyens : des séquences sans rythme, sans style, sans idées, sans charme, sans nuance, au service d'une histoire qui aurait pu être émouvante.
GATSBY LE MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann - dont on n'a jamais attendu grand chose. Clippeur frénétique responsable de budgets colossaux, les films de Luhrmann ne sont jamais autre chose qu'une pyrotechnie grossière, voyante, à la poursuite d'idées narratives qui ne viennent jamais. 3D lisse et inutile, comme souvent, Gatsby tombe dans la soupe du tout-numérique, et le découpage débordant, excessif, finit de faire d'un élégant mélodrame un film de clubber dont les choix anachroniques ne trouvent jamais d'écho dans le récit original. Sous les allures post-moderne-Galeries Lafayette de cette bruyante frénésie, la caméra s'évertue à s'agiter sans but, pendant que tout le monde se fige dans le chromo poussiéreux d'une image numérique... déjà datée.
IRON MAN 3 de Shane Black, suite du blockbuster indigent qu'était Iron Man 2, et du blockbuster moyen qu'était Iron Man. Humour de buddy movie pas drôle, action tonitruante, toujours illisible (définitivement la norme hollywoodienne des années 2000), com' tape-à-l'oeil... Finalement rien d'autre qu'un objet difforme et ennuyeux.
ONLY GOD FORGIVES, film tant attendu et déception totale. Nicolas Winding Refn revient après un Drive sous somnifère, dans un exercice de style grotesque et pédant, façon film-trip à la Valhalla Rising (autre sommet de nullité). Avec la Trilogie Pusher et Bronson, Refn s'était posé comme un cinéaste frondeur, anti-conformiste, singulier. Il a perdu toute sa rage et ses formidables excès formels dans une formule mystico-stone qui ne dupe plus personne. Les images sont belles, oui, mais c'est bien le dernier talent de Refn que de savoir s'entourer d'une talentueuse équipe technique.
LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ remake malheureux du grand classique par Sam Raimi. D'un si bon cinéaste on pouvait attendre autre chose que cette guimauve fluo d'un autre âge. Malgré le beau prologue Burtonien, le reste du film semble être un catalogue photoshopé des pires excès numériques qui soient. Plus fluo tu meurs!